L'adversaire, emmanuel carrère
Emmanuel Carrère dans son livre « L’adversaire » nous relate l’histoire d’un homme qui au début de ses études, et pour une raison que l’auteur essaie tout au long de son ouvrage d’éclairer, a choisi un chemin qui l’a conduit dans une spirale infernale. Sa vie ne devient pas une suite d’actes prémédités mais une suite de décisions pour faire face au quotidien. Cette spirale a pris forme lorsque, pour des raisons autre que la vocation, il a décidé, plutôt que suivre le chemin tracé par ses ancêtres, de devenir médecin. Cette voie va le conduire à une double vie, une vie où il n’est rien puisque ses études de médecine se finissent à la fin de la première année et ceci bien qu’il prétende à qui veut l’entendre qu’il occupe un poste important au siège de l’OMS à Genève, et l’autre, où tous ses actes n’ont d’autres finalités que d’assumer le néant qui l’emporte. Pareil à l’antimatière, sa vie est un trou noir qui aspire toutes ces décisions. Au point que cet enfant calme et gentil, au fil de sa vie et de ses décisions va devenir, pour assumer le train de vie et le rang de son néant, un escroc, un meurtrier et, aux yeux de la presse médusée par cette histoire, un monstre.
Dans ce livre, le rôle et la place de l’auteur suivent d’autres sentiers que les chemins habituels. On ne peut ni parler d’un roman, ni d’une biographie, ni d’une autobiographie.
L’auteur se met en scène lui-même en tant qu’écrivain de l’œuvre. Cela devient vraiment un exercice d’équilibriste et, par comparaison s’il tenait plutôt une caméra qu’un crayon dans ses mains, on devrait le voir évoluer tenant la caméra et se filmant lui-même dans ses déplacements au cours de mises en scènes qui auraient été dictées le plus souvent par le protagoniste du livre Jean Claude Romand. Ceci me fait dire que par moment, le véritable auteur et metteur en scène ce n’est plus Emmanuel Carrère mais