L’Alsace : Une région frontalière

Le long de la frontière s’est souvent développé un axe d’intolérance, de mépris/haine, de rejet et de racisme. Selon Gobineau (XIXe siècle, diplomate et écrivain français), la diplomatie qui sous-tend l’idéologie des frontières a une extraordinaire aptitude à l’affirmation et à la culture du ressentiment. Elle peut aussi servir d’alibi à la notion d’espace vital, la ligne est quasiment sacralisée. Pour les besoins de la cause, la frontière devient synonyme de mur, réel ou immatériel, mais toujours emblématique. La frontière est la limite politique et administrative du territoire d’un État. C’est une interface entre des systèmes différents. Le mot frontière est apparu comme un adjectif en XIVe siècle, pour évoquer une « place frontière ». Pour parler d’une frontière, on employait l’expression « marches » ou « confins », des notions moins précises et évoquant un espace plus vaste. La frontière est une discontinuité, une rupture linéaire de l’espace, mais même si certains éléments naturels (chaînes de montagnes, fleuve), ont le statut de frontière, on ne peut pas parler de « frontières naturelles » : en effet c’est l’homme qui crée des frontières, pas la nature. On parle d’espaces frontaliers lorsqu’une zone est marquée par le contact avec des pays voisins.
La France possède 3 400 kilomètres de frontières avec six pays différents (ce qui représente un nombre important en Europe). On emploie le terme de « dyades » pour les définir : par exemple la dyade France-Allemagne. Les régions frontalières représentent 20% du territoire français. Dans une logique de mondialisation, de libre échange et d’ouverture complète des frontières en ce continent s’introduit un concept nouveau : les régions transfrontalières. La région alsacienne, qui est impliquée dans cette nouvelle conception de l’espace, est d’autant plus singulière car elle partage ses frontières avec deux puissances européennes : l’Allemagne et la Suisse. Cet axe