L'amitié est-elle la forme privilégiée de la connaissance d'autrui ?
Analyse de la formule :
Amitié : le terme peut être pris dans une acception très large ( la sympathie en générale) ou tout à fait particulière si on le distingue d’autres sentiments comme l’amour, la tendresse filiale, ou la charité envers le prochain.
Privilégier : l’amitié fait de l’ami un privilégié, nous lui donnons la préférence sur les autres à chaque fois que le choix dépend de nous. Mais justement ce parti- pris est un préjugé. Il faut réfléchir à ce que serait une forme privilégiée de connaissance
Connaissance : c’est à la fois la rencontre : « faire connaissance » et l’étude, la recherche d’informations objectives permettant de cerner l‘autre.
Exemple d’introduction
Il y a d’abord un paradoxe à associer l‘amitié à la connaissance puisque l’amitié est un lien affectif et un état alors que la connaissance est une activité intellectuelle. Comment et en quoi la sphère de l’affectivité peut- elle apporter un type de connaissance, et de surcroît « privilégié » c’est à dire de qualité supérieure ?
Spontanément, on aurait plutôt tendance à croire que l’amitié (comme l’amour) aveugle, rend complaisant envers ceux qu’on aime. Le jugement y perd en objectivité.
Toutefois, la connaissance suppose une capacité d’ouverture, il faut accepter d’épouser les formes singulières de ce qui est étudié ; cette plasticité requiert une disponibilité de temps et d‘énergie que seule la passion est capable de fournir. En ce sens, la formule de saint Augustin se comprend : « On ne connaît bien que ce qu’on aime ». Le souci de connaissance prend la forme d’une « vocation dévote ».C’est peut-être à cette seule condition que l’activité de connaissance évite la tentation de l’assimilation de l’inconnu au connu et les autres réductions falsifiantes. La sympathie est peut-être la voie de la véritable objectivité.
La résolution du problème implique de réfléchir sur les rapports