L'art contemporain au musée
La reconversion d’un lieu
Situé dans le quartier des Chartrons, en bordure de Garonne, l’Entrepôt Lainé abrite depuis maintenant quarante ans le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux. Achevé en 1824, ce bâtiment accueillera pendant plus d’un siècle des marchandises et des denrées alimentaires issues du commerce instigué par les armateurs bordelais. Aux alentours de 1815, alors que la Révolution et la Révolte de Saint Domingue (1791) ont considérablement affaibli le négoce avec les Antilles, une des plus anciennes colonies françaises, la construction de l’entrepôt participe au vaste programme de réaménagement urbain du XIXe siècle soutenu par de riches négociants bordelais pour relancer la vie économique de Bordeaux. La tâche est confiée à l’architecte et ingénieur Claude Deschamps, qui vient de s’illustrer brillamment par la construction du Pont de Pierre . Elevé sur trois niveaux, à partir d’un plan basilical , le bâtiment s’inspire de l’architecture des marchés couverts orientaux ou caravansérails. De facture à la fois austère et élégante, la structure interne, organisée autour d’une double nef centrale, articule une succession de piliers et d’arcs en plein cintre, répartie avec une grande rigueur géométrique . Dans une logique de sobriété, chère à Claude Deschamps, l’architecte ne convoque que trois matériaux : la pierre de Bourg, friable et caractéristique par sa couleur jaune, la briquette d’argile et du bois de récupération, le pin d’Oregon.
Au début du XXe siècle, avec la disparition progressive du commerce fluvial et la construction d’entrepôts plus modernes sur les quais, cette architecture dite fonctionnelle perçue dorénavant comme inutile et encombrante, est vouée à la destruction. Il faut ici rendre hommage à la persévérance et la perspicacité de personnalités bordelaises qui ont su faire valoir la richesse patrimoniale exceptionnelle de cette