L'etat est-il l'ami de tous en même temps que l'ennemi de chacun?
L'Etat est-il l'ami de tous en même temps que l'ennemi de chacun ?
Dans les conversations courantes, on parle souvent de l’Etat comme d’un mal nécessaire. D’un côté il imposerait des entraves aux individus à travers le système judiciaire et menacerait les libertés à cause des dérives des gouvernants, de l’autre, il serait incontournable pour garantir la sécurité et la propriété privée, assurer le bon état des infrastructures etc. Garant d’un certain nombre d’intérêts qui nous concernent tous, il menacerait ou risquerait de nuire régulièrement à nos intérêts privés. A partir de là, faut-il aller jusqu’à dire que l’Etat est l’ami de tous en même temps que l’ennemi de chacun ? Le problème d’une telle formulation est qu’elle personnifie le concept de l’Etat en même temps qu’elle décrit les relations politiques avec des termes affectifs et utilisés généralement dans la sphère privée. En nous laissant entrainer dans cette voie, ne risquons-nous pas de mal comprendre le lien entre Etat et individu, ainsi qu’entre Etat et citoyen ? Ceux-ci ne doivent-ils pas être envisagés d’une toute autre manière et si oui laquelle ? Dans un premier temps nous verrons quels sont les risques impliqués dans une approche « sentimentale » du lien politique. Il s’agira alors de se demander sur quelles bases fonder un tel lien, s’il ne peut s’inspirer de ce qui a lieu dans la famille par exemple. Nous nous demanderons enfin quelle attitude il nous faut adopter face à l’Etat.
La formulation du sujet nous place d’emblée face à un problème de registre, en utilisant le terme « ami » et « ennemi ». Ils sont en effet utilisés dans le domaine de la vie privée, et marquent un attachement ou une aversion, associés à des sentiments d’ordre affectif et subjectif. D’ailleurs, l’étymologie peut nous éclairer sur ce point car le mot « ennemi » vient du latin « inmicus » qui signifie « quelqu’un qui nous veut du mal personnellement », par différence avec « hostis » qui désignait