L'expérience
1. L'expérience ne se réduit pas à la simple observation des faits
Dans le domaine scientifique, l'expérience ne se réduit pas à l’observation de faits. L'empirisme -conception selon laquelle, initialement, toutes nos connaissances viennent des sens- ne retient que la dimension passive de l'expérience : le physicien devrait, sans le secours d'hypothèses (donc sans le secours de la théorie) raisonner à partir de faits observables. «Hypotheses non fingo», affirmait Newton : «Je ne feins pas d’hypothèses» (I.Newton, Principes mathématiques de la philosophie naturelle, 1687). Newton fonde ses principes sur l’expérience ; les suppositions métaphysiques n’ont pas leur place dans la science moderne, dont il est le principal fondateur. Toutefois, les faits nécessitent une interprétation, et les phénomènes observés doivent être ordonnés. La science ne peut se constituer à partir d’une succession d’observations. Une construction intellectuelle ordonnée doit permettre d'expliquer un ensemble de phénomènes. Selon Claude Bernard, «L'expérience est une observation provoquée dans le but de faire naître une idée». Il pose ainsi les principes d’une véritable méthode expérimentale : «Il y aura donc deux choses à considérer dans la méthode expérimentale : 1°) l’art d’obtenir des faits exacts au moyen d’une investigation rigoureuse ; 2°) l’art de les mettre en œuvre au moyen d’un raisonnement expérimental afin d’en faire ressortir la connaissance de la loi des phénomènes» (Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale,1865). Théorie et expérience sont donc, selon Claude Bernard, indissociables. Il semble néanmoins que ce soit la théorie elle-même qui donne un sens à l'expérience. Si le point de départ de la science semble être l'expérience, il