L'histoire, la connaissance historique
« Historia » signifiait en grec « enquête ». C’est la raison pour laquelle, non seulement le terme désignait une recherche concernant les événements contemporains ou passés, mais également toute recherche concernant des faits constatables. « L’histoire naturelle » a longtemps désigné la description des animaux.
Toutefois, dès Hérodote, l’histoire relative à l’homme a eu une spécificité. En effet, celui-ci indique quel but son ouvrage poursuit :
« Voici la présentation de la recherche d’Hérodote de Thourioi [Ou d’Halicarnasse ; dans l’Antiquité, il était d’usage pour un auteur de parler de lui à la troisième personne du singulier] pour que d’un côté les événements suscités par les hommes ne soient pas effacés par le temps et de l’autre que les grandes et admirables actions, présentées soit par les Grecs soit par les Barbares, ne perdent pas leur renom, – recherche en particulier de la cause pour laquelle ils se firent la guerre. » Hérodote, Histoires, 1.
À la différence des faits naturels qui se répètent et qui sont donc toujours accessibles à l’enquête, les actions humaines sont éphémères. (Sur cette opposition, cf. Hannah Arendt (1906-1975), La crise de la culture, II Le concept d’histoire). Elles ne durent pas comme les choses de la nature ou même comme les objets techniques ou les œuvres d’art. Agir, ce n’est pas faire, parce que l’œuvre de l’agir, c’est celui qui agit pendant qu’il agit. C’est pourquoi Aristote (384-322 av. J.-C.) écrivait :
« Tandis que la production (…) a une fin autre qu’elle-même, il n’en saurait être ainsi pour l’action, la bonne pratique étant elle-même sa propre fin. » Aristote, Ethique à Nicomaque, VI,