L'homme est un loup pour l'homme
Les fables des six premiers livres reprennent les schémas d'Ésope et de Phèdre, mettent surtout en scène des animaux et dégagent une ou plusieurs morales, le plus souvent traditionnelles aussi bien dans des apologues placés en début ou en fin de texte qu'à l'intérieur même des récits : « Nous n'écoutons d'instinct que ceux qui sont les nôtres,/ Et ne croyons le mal que quand il est venu » (livre I, fable 8 : « L'Hirondelle et les petits oiseaux »). Les livres suivants – et en particulier le livre XII – interrogent sur des sujets à caractère politique et philosophique (l'âme des animaux, la vérité, la guerre et la paix, la retraite, etc.) en variant le personnel de la fable (les hommes apparaissent en plus grand nombre) et les emprunts (Ésope et Phèdre, mais aussi la source indienne avec Pilpay, les fabliaux et les conteurs français et italiens). Ces derniers recueils dégagent une morale plus sombre où les hommes apparaissent esclaves d'eux-mêmes, soumis à l'excès qui les guide, qu'ils soient rois ou simples individus : « De tous les animaux, l'homme a le plus de pente/ À se porter dedans l'excès » (livre IX, fable 11 : « Rien de trop »). La nature est ainsi prise dans un combat permanent où l'homme est un loup pour l'homme. La raison, la paix, la sagesse et la fable elle-même, lorsqu'elle est lue, sont des recours bien fragiles contre la violence et la force, mais qu'il faut néanmoins