L'homme sans passé
La momie est indissociable des autres monstres du bestiaire fantastique : le vampire, le golem, le zombie, la créature du docteur Frankenstein, etc. Présente à la fois dans la littérature et dans le cinéma, la momie apparaît dans le film de Kaurismäki à plusieurs fins : le réalisateur tient à transformer son histoire en fable, il fait un clin d'œil à une certaine cinéphilie et cette insertion provoque un décalage. En effet, Kaurismäki joue tout au long de son film avec les décalages : il détourne le tragique, le dramatique et le fantastique par l'humour. Il fait mourir son personnage principal, M., pour le faire revivre sous des bandelettes. Lorsque M. se redresse de son lit d'hôpital, face caméra, son visage caché par des bandelettes, le spectateur pense évidemment à la momie et à l'homme invisible (dont le visage est recouvert de bandelettes)
Bien évidemment, Kaurismäki ne fera pas de M. un voyeur. Il ne restera d'ailleurs invisible que quelques minutes. On notera que c'est une femme qui le rend visible (Kaisa) et que c'est encore une femme qui lui donnera une vie (Irma). Plus le film avance, plus M. retrouve du sens à sa vie, plus il perd ses bandelettes. Ce dépouillement rythme la naissance de ses émotions.
L'autre figure, nous le disions, est celle de la momie. De ce rite funéraire égyptien est née cette tradition de films fantastiques où les morts revenaient à la vie. La momification conserve mieux la dépouille du défunt et les organes étant enlevés du corps mort, celui-ci ne se décompose que très lentement. Il est toujours