L'inaction administrative
Pour les libéraux, le rôle de l’Etat doit être minimal. L’administration doit donc s’abstenir d’intervenir dans les rapports sociaux, sauf lorsque son action est utile. L’inaction de l’administration apparaît, dès lors, comme le signe d’une bonne santé de la société.
Mais le développement de l’Etat en France, selon un processus lent et continu, a entraîné la multiplication des interventions de l’administration, imposant même progressivement l’idée d’une action administrative obligatoire dans certains domaines jugés sensibles. L’inaction de l’administration est donc devenue le signe d’une carence des rouages administratifs et, plus largement, le symptôme visible de l’impuissance de l’Etat.
Toutefois, à côté de ces schémas simplistes, pourtant significatifs de deux conceptions politiques antagonistes, l’action administrative se déploie selon une logique intermédiaire. Les acteurs administratifs sont très largement présents et leur intervention est souvent sollicitée, sous une forme matérielle, comme une intervention de police sur le terrain, ou juridique, comme l’édiction d’un acte. L’inaction de l’administration apparaît à beaucoup comme le résultat d’un dysfonctionnement ou d’une organisation défaillante, sans qu’il soit utile d’opérer, a priori, une distinction entre activité de puissance publique ou de service public.
Comme l’intervention même de l’administration, son inaction est à l’origine de dommages dans certaines situations. Pourtant, cette vision négative de l’absence de décision ou d’agissement doit être corrigée. L’inaction peut être justifiée. Dans ce dernier cas, le législateur et la jurisprudence administrative en ont tiré des conséquences juridiques originales.
Considérée comme une pathologique devant être combattue, l’inaction administrative apparaît dans certains cas comme le résultat d’un choix de gestion (I). Le plus souvent sanctionnée lorsqu’elle est fautive, ce sont ses conséquences négatives qu’il s’agit