L'insoutenable légèreté de l'être

6658 mots 27 pages
L'Insoutenable légèreté de l'être. Voilà un titre peu habituel tant par sa résonance poétique que par son abstraite signification. Et pourtant, il résume parfaitement l'œuvre signée par Milan Kundera en 1984. Ce roman pourrait être avant tout considéré comme une sorte de toile blanche sur laquelle les personnages se meuvent, dans une atmosphère parfois légère, souvent grave mais jamais pesante. Les actions se déroulent sous nos yeux comme un film muet puisque tout son ou décor est absent. Seuls comptent les interactions entre les personnages, leurs sentiments, leur évolution. Par ailleurs, le roman de l'écrivain tchèque obéit à un mouvement cyclique qui confère à l'œuvre une minutie sans égal d'où surgit pourtant une étonnante note poétique. C'est en s'appuyant sur ces éléments que nous essayerons de prouver que L'Insoutenable légèreté de l'être est le symbole parfait du roman moderne. Dans un premier temps, nous analyserons le mythe de l'Éternel Retour qui fait irrésistiblement référence à Nietzsche et qui sert une construction habile du récit. Puis, nous nous intéresserons au jeu de miroir très troublant qui fait irruption au cœur de l'œuvre et pour finir, nous nous pencherons sur la notion même de roman qui , dans l'optique de Kundera, est avant tout un instrument de l'exploration humaine.

Le mythe de l'Éternel Retour se base essentiellement sur la pensée nietzschéenne qui ne tient pas pour véritable la possibilité de revivre à l'infini sa propre vie, mais qui fait de cette supposition une sorte d'impératif, de question ultime et essentielle. En outre, le mythe de l'Éternel Retour « affirme, par la négation, que la vie qui disparaît une fois pour toutes, qui ne revient pas, est semblable à une ombre, est sans poids, est morte d’avance, et fût-elle atroce, belle, splendide, cette atrocité, cette beauté, cette splendeur ne signifient rien ». Cette notion se retrouve sous plusieurs formes au sein de l'œuvre de Kundera. Elle apparaît pour la toute première

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