L'utopie de thomas more
Le mot « utopie » est formé à partir du grec ou-topos, qui signifie en aucun lieu ou bien lieu du bonheur (du grec "eu" bien, heureusement et "topos" lieu, endroit).
Dans cet ouvrage écrit sur le mode du dialogue avec un narrateur, l'explorateur Raphaël Hythlodée, Thomas More prône la tolérance et la discipline au service de la liberté, à travers le portrait d'un monde imaginaire, proche de l'idéal de l'auteur.
Thomas More est témoin des ravages sociaux qu'engendre dans l'Angleterre du XVIe siècle le premier mouvement des enclosures. Alors stimulée financièrement par le développement de l’industrie lainière, l'aristocratie tudorienne se met à créer de grands élevages de moutons. Cette irruption de la propriété privée capitaliste dans le monde rural, même si elle conduit à un meilleur suivi des terres, se fait au détriment des usages collectifs : les anciennes tenures nourrissant les familles paysannes sous le régime féodal. Ce mouvement eut des conséquences sociales dramatiques, jetant sur les chemins quantité de personnes dénuées désormais de tout moyen d'existence, et cela avec brutalité.
« Vos moutons si doux, si faciles à nourrir de peu de chose, mais qui, à ce qu'on m'a dit, commencent à être si gourmands et si indomptables qu'ils dévorent même les hommes. »
Thomas More dénonce ces conséquences et cette brutalité dans la première partie d'Utopia : « On se trompe en pensant que la misère du peuple est une garantie de paix, car où y a-t-il plus de querelles que parmi les mendiants ? ».
Dans la deuxième partie, plus constructive, More décrit l'île d'Utopie, contrepoint lumineux à l'Angleterre de son temps. Comme celle de la république de Platon, l'économie utopienne repose sur la propriété collective des moyens de production et l'absence d'échanges marchands. Cette société, composée d'une cinquantaine de villes gérées de manière semblable, vit sans monnaie, et les échanges collectifs y prennent la