L'utopie est elle le propre de l'homme?
Or, c’est bien mal connaître l’histoire de l’utopie et se méprendre sur son sens profond que de soumettre son examen à une vision de l’existence humaine qui consisterait seulement à comptabiliser et qualifier les productions utiles et reconnues. Depuis que l’homme a pensé, il a pensé sa condition dans le monde et, aussitôt, il a imaginé et formulé l’hypothèse d’une autre condition dans un autre monde. Les plus anciens témoignages de l’expression humaine nous donnent à voir ou à imaginer des au-delà, des paradis, des âges d’or.
L’utopie ne portera son nom qu’à partir du début du XVIe siècle mais, dès les origines, elle est en germe dans toute interrogation posée par l’homme sur lui-même, sur sa destinée et sur son environnement. Comme si la possibilité d’un ailleurs était consubstantielle à toute réflexion sur l’ici et le maintenant. L’utopie n’est donc pas le propre des inutiles songe-creux; elle est le propre de l’homme qui pense, comme une pulsion permanente qui le pousse à connaître, à inventer, à créer.
A l’université, nous sommes assez bien placés pour savoir que le succès dans la