L’avènement de la démocratie libérale face à la religion
La légitimité religieuse a pendant des siècles fondée et légitimée le pouvoir du souverain en Europe dans des modèles de monarchie absolue de droit divin ou de théocratie. Sous l’influence des Lumières, elle a été contestée et renversée par l’émergence du libéralisme où la légitimité et la souveraineté émanent du peuple. Si la religion désigne un ensemble de croyances et pratiques qui définit le rapport de l’homme à une transcendance sacrée, et la démocratie un système politique où le peuple se définit et se gouverne lui-même, les deux termes ont pour même objectif de fixer des principes et règles de vie communes, de structurer la société et de proposer un modèle normatif qui se caractérise notamment par des valeurs universelles. La question de la conciliation entre religion et démocratie peut être examinée par une approche chronologique : la démocratie libérale apparaît comme construite en affrontement contre la religion (I). Toutefois les héritages religieux sécularisés et la reconfiguration de la religion ont contribué à former et consolider la démocratie moderne.(II)
I La construction de la démocratie libérale par opposition aux régimes religieux
A Deux systèmes concurrents sur la formation de la communauté politique
Le libéralisme démocratique trouve ses fondements dans la volonté de rejeter tout ce qui se rattache à l’Ancien Régime, et subséquemment au religieux.
Une vision originelle de la liberté divergente Étymologiquement la religion renvoie au mot latin religare, « relier », qui s’applique à la fois au lien entre les hommes et Dieu, et au lien entre les hommes eux-mêmes. L’homme est guidé par les lois issues de la parole de Dieu, son destin est assigné par la volonté divine. Selon les chrétiens, seule la construction de la vie éternelle guide les hommes au cours de leur existence. La liberté découlait ainsi de l’unité formée par l’égalité devant Dieu et de l’égalité entre