L’impatience des limites
LA REVANCHE DES SITH, George Lucas (2005)
par Corinne Vuillaume
Corinne Vuillaume est historienne de l’art, spécialiste du fantastique médiéval et collaboratrice à la revue Cadrage. Elle a notamment participé au cédérom éducatif dédié au film Sleepy Hollow (Collection « A propos de », 2005). Elle est également l'auteur d'un livre à paraître intitulé "Le diable au cinéma" et rédige actuellement une thèse sur le pacte faustien dans la Saga Star Wars.
Œuvre dantesque s’il en est, la saga Star Wars de George Lucas a souvent intéressé les sociologues, de par le phénomène qu’elle a engendré. Cette manifestation de masse, qui en se hissant au statut d’œuvre « populaire », fut considérée bien à tort comme un simple phénomène de mode. Alors qu’elle fait appel à des références multiples et pluridirectionnelles suffisamment universelles pour dépasser un ancrage dans un temps donné.(1) Depuis la sortie du premier épisode en 1977, une abondante littérature critique n’a cessé de décortiquer la richesse des thèmes qui forment le terreau des deux trilogies de George Lucas : Ainsi peut-on puiser à loisir dans la mythologie chrétienne et les différentes sources dont elle s’inspire (le zoroastrisme, la Bible, les Templiers…), la caste chevaleresque des samouraïs, la philosophie new-age des années 70, la science-fiction des années 30 et 40, le western (2) … Sans compter la psychanalyse à qui L’Empire contre attaque (Episode V, 1980) empreinte littéralement le complexe d’Œdipe.(3) Enfin, c’est surtout l’œuvre de Joseph Campbell (principalement The Hero with a Thousand Faces/ Les héros sont éternels, 1949) qui est citée pour avoir aidé George Lucas à concentrer son énergie autour de thèmes clés et « révélateurs » de toute la pensée mythique et rationnelle de l’humanité.
L’épisode III, La Revanche des Sith a suscité une attente frénétique de la part des fans, de part son statut d’épisode charnière, mais aussi parce que les volets précédents (La Menace