T.sebillet art poétique français
L’opinion la plus répandue est que la rhétorique représente « le pouvoir de persuader » : le discours de l’orateur a pour but d’obtenir l’assentiment de l’auditoire au moyen de la parole. Mais à « pouvoir » beaucoup préfèrent parler d’Art. Quintilien donne cette définition : « La rhétorique est l’art de bien dire »[ii]. Le sens antique « d’art » est beaucoup plus large que celui que nous lui donnons aujourd’hui. La création « artistique » suit une méthode raisonnée, un système de règles destinées à l’utilisation pratique, métier, artisanat, production technique. « Dire » élargit le champ de la rhétorique, il désigne toutes les formes du discours, même celles qui ne persuadent pas. Quant à l’adjectif « bien », Laurent Pernod nous explique que l’ambiguïté du terme est voulue : cela qualifie la correction grammaticale du discours, la beauté esthétique, la valeur morale tout comme l’efficacité pratique. C’est là, affirme-t-il, la définition la plus large et la plus totalisante[iii].
Avant d’atteindre son épanouissement, la poésie connaît une période de transition entre le moyen âge et la Renaissance.
Des années 1460 aux années 1520, c’est le temps des Grands Rhétoriqueurs (qualifiés ainsi par erreur au 19e S), Groupe de poètes actifs en Bourgogne (Jean Molinet, Jean Lemaire des Belges) et en France (Jean Marot, Guillaume Crétin) ils se nommaient eux-mêmes « acteurs » (auteur) ou « rhétoriques ». Ils accompagnent une entreprise de codification regroupée des arts de seconde rhétorique, recueil de principes qui définissent la poésie comme une rhétorique spécifique ( la 1ère rhétorique restant prosaïque par opposition à la rythmique[iv]). Leurs oeuvres se caractérisent par un grand souci de la forme, des