Étude du tragique dans les romans du 18° siècle.
Le 18°siècle est celui de l'explosion du genre romanesque, au dépend des pièces de théâtres classiques tragiques. Cependant, le tragique n'est pas totalement délaissé par les auteurs ; il est seulement adapté aux romans.
La stylisation de la tragédie classique est d’ailleurs désignée comme un peu excessive (les pièces tragiques classique se situent dans un ailleurs lointain, souvent antique, ses personnages sont épurés, tracés avec des règles formelles et de bienséance, a tel point que le classique pouvait parfois sembler figés). Au contraire, le tragique du roman se défait de ces règles trop strictes. Il s’inscrit dans un monde qui se veut non seulement vraisemblable, mais réel.
Prevost va s'imposer, avec Manon Lescaut, par la synthèse originale d'un univers romanesque et d'une peinture des passions, et Laclos, issue de la génération suivante d'auteurs de romans, suit son exemple dans les Liaisons Dangereuses.
L’adaptation au monde réel, la création d’une intrigue romanesque, et non théâtrale, bref, le manque de stylisation du tragique dans Manon Lescaut comme dans les Liaisons Dangereuses pourrait être vue comme une dégradation du genre. Et pourtant non : le tragique du roman, œuvre moderne, n’est pas inférieur à celui d’une pièce classique ; il reste tout aussi frappant.
Ainsi, Manon Lescaut et Les Liaisons Dangereuses s’apparentent au genre tragique classique tout en le transgressant, mais de façons tout a fait différentes. Nous allons étudier ce genre original et novateur, en voyant comment les deux auteurs ont fait de leur roman une tragédie, puis, dans quelle mesure ils l'ont innové, au risque de s'éloigner un peu trop des règles classiques, et enfin, quel intérêt romanesque apporte cette dimension tragique.
1 – Le tragique dans les romans.
Pour qualifier une œuvre de tragique, il faut avant tout que les faits narrés soient désastreux et émouvants ; puis, que le héros soit une personne noble, distinguée