Comme dans Le Coffret de santal, la poésie de Cros file dans ce recueil l’image commune du poète maudit, né dans un temps trop vil pour être reconnu.Ainsi le poète se peint en victime dans « Saint Sébastien » : « Je suis inutile et je suis nuisible ; / Ma peau a les tons qu’il faut pour la cible » ; mais toujours très au-dessus de tout un groupe de gens imbéciles, qui sont ici « de bons ânes », des ours et des brutes. Gambetta, dans le poème qui lui rend hommage, est lui-même placé au-dessus de toute une faune de vils animaux ; c’est le lion face aux lézards, aux fouines, aux chiens. Comme le véritable homme politique, qui guide plutôt qu’il ne suit, le poète ne devrait pas avoir le « souci […] de plaire ou de déplaire ». Le temps présent n’est jamais digne de lui, ne sait reconnaître le talent, ni celui du poète ni celui du peintre : « Et l’on gagne très peu d’argent, / L’acheteur en ce temps changeant / N’étant pas très intelligent. »Les références à un temps décadent abondent dans le recueil : « C’est ennuyeux de vivre en ces temps vides », déplorent
Le Collier de griffes
par Charles Cros