Faits Glissades Et Faits Précipices

autant de signaux et dont il a été le « témoin hagard », quelques « accidents de pensée » et « de pétrifiantes coïncidences», jusqu'au moment il rencontre Nadja. Cet événement qui forme la partie centrale de l'ouvrage  lui apparaît « comme un fait-précipice, de nature à l'entraîner sur les voies d'une exploration mystérieuse du rêve, de la folie, du langage, dans un Paris en proie au vertige des signes, qu'il parcoure comme un grand cryptogramme. » Puis se produit « l'entrée en scène » de Nadja :

établit sa théorie des « faits-glissades » contre celle des « actes manqués » de Freud. « II s'agit de faits qui, fussentils de l'ordre de la constatation pure, présentent chaque fois toutes les apparences d'un signal, sans qu'on puisse dire au juste de quel signal ». Cela va d'un objet, d'un lieu qui nous inspirent la sensation que notre destin en dépend, à des concours de circonstances produisant en nous un égarement inexplicable (il les appelle alors des « faits-précipices »). Il affirme que la psychanalyse

raison: faits qui sont dangereux car ils risquent de nous balancer du côté de la folie et nus faire perdre la vie. On peut se pousser jusque’à une certaine limite, face à laquelle on peut reculer en appelant à l’instinct de conservation. 
 Anticipation: Nadja est quelqu’un qui franchit cette limite. Les surréalistes aiment flirter avec la folie pourvue qu’en puisse en sortir: on peut en visiter les marges mais il ne faut pas sombrer dans la folie. Les faits glissades vs. Les faits précipices:

s’élargit, qu’eux-mêmes sont soudain libérés ou emportés par un désir de vivre qui se suffit à lui-même (voir Un Balcon en forêt, p. 115-116 et La Presqu’île, p. 89). Lorsqu’il écoute la forêt, Grange croit avoir « une oreille neuve » (p. 178) La glissade (avec Mona, sur la luge, ou, pour Simon, dans la voiture – p. 143) est elle aussi synonyme de confiance en le monde environnant et d’assentiment donné par le sujet à ce qui l’entoure. Les arrêts de Simon lors de son tour de la presqu’île le « réajustent

voire quelque confusion ou un oubli sincère jettent une ombre sur ce que je raconte, sur ce qui dans son ensemble, ne saurait être sujet à caution. J’aimerais enfin qu’on ne ramenât point de tels accidents de la pensée à leur injuste proportion de faits divers […]. » (p. 24). On songe évidemment dans le prologue desConfessions à « Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s’il m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon

anarchique par excellence, Nadja. Regarder tranquillement la composition : perceptiblement ternaire. Le porche de ce condensé de surréalisme. Effet glissade, précipice, glissement, le Parisien merveilleux, anecdote sur le mode de la métonymie. De porche en porche entrainé vers une rencontre, série de petits faits accolés, l’animal de fer av l’aimant. Effet précipice : jette soudainement ds ce que vs n’avez pas prévu, la rencontre av Nadja. Un concentré de surréalisme en comprimés. Le porche de Nadja, le

nom au hasard d’une porte, d’une rue ou d’un souvenir, tissant un réseau préambulaire et pré-ambulatoire dans une ville qui apparaît peuplée d’ombres dont on ne trouve trace sur les photographies urbaines. Ce sont en effet sur des portraits faits en studio que les visages vont apparaître. Les clichés, pour certains signés Man Ray, jouent un rôle important dans l’élaboration d’un réseau où chaque personnage augmente l’impression de mystère. La rencontre entre Paul Eluard et Breton, qui a

L’amour fou (1934-36) à propos de la rencontre amoureuse. Le hasard est défini comme la rencontre de séries causales indépendantes, articulée à une nécessité intérieure, autour de la configuration des lois du désir. Breton parlait de « faits-glissades » et de « faits-précipices ». - déplacement de champ en direction des arts plastiques, avec une réflexion sur l’objet (la photo, à la mode dans les années 1930 devient un objet d’étude) - internationalisation du mouvement via les arts plastiques (les tableaux

un but moins vain que celui de la mise au point toute mécanique des idées, se borne à de savantes incursions dans le domaine qu'elle se croit le plus interdit et qui est, en dehors de l'œuvre, celui où la personne de l'auteur, en proie aux menus faits de la vie courante, s'exprime en toute indépendance, d'une manière souvent si distinctive. Le souvenir de cette anecdote : Hugo, vers la fin de sa vie, refaisant avec Juliette Drouet10 pour la millième fois la même promenade et n'interrompant sa méditation

d’appréhensions, aux attirances inexpliquées, aux ambivalences de sentiments (ainsi l’attraction-répulsion exercée par la statue d’Étienne Dolet). La théorie des « faits-glissades » et des « faits-précipices », au début du livre, est, à mon avis, une transposition du lapsus dans le domaine existentiel : dérapage mineur (« glissade ») ou grave (« précipice »), mais toujours révélateur, par lequel l’événement laisse entrevoir une signification enfouie. On songe aussi aux pages dans lesquelles on entend Nadja