Monologue D Hernani

du chœur un « répondant ». Avec l’apparition de cette figure adverse naît l’agon. Le conflit engendre le théâtre et, en retour, le théâtre provoque le conflit. Les nombreuses querelles et batailles qui jalonnent l’histoire du théâtre – Le Cid et Hernani, pour ne citer que les plus connues sinon les plus violentes – prouvent que le combat est infectieux et qu’il ne reste pas enclos dans le seul espace scénique. Parmi les confrontations que le théâtre appelle, qu’il nourrit et dont il profite, celle

soi-même. En effet il permet l’expression des conflits intérieurs, et cela mieux que n’importe quel genre littéraire, grâce à toutes les ressources de l’écriture théâtrale alliée à la mise en scène. Les conflits intérieurs au théâtre sont les monologues d’un personnage, qui ne sait que faire, que choisir la plupart du temps, et qui est donc confronté à un dilemme en règle générale cruel. Avec le registre tragique, le mouvement classique a porté ce type de conflit à son apogée. Dans Andromaque de

possible sans se préoccuper du sens dans le seul but de faire durer l’entretien. Le personnage perd souvent son nom puisqu’il est en quête de son identité et va être désigné par un nom qui ne l’individualise pas. Sa solitude est oppressante. Le monologue est toujours très présent dans ce théâtre. Il est le reflet de son extrême solitude et de son désespoir. Il est aussi parfois le moyen de ses sentir moins seul. Le temps lui-même est détraqué puisque des personnages qui ne maîtrisent pas le langage

retrouver sa vision du www.annabac.com © H A T I E R 2009 monde. Si les dramaturges romantiques voulaient remplir les salles, il leur fallait mettre sur scène des héros en proie à ce mal du siècle qui torturait les jeunes spectateurs. De là Hernani, de là Ruy Blas, personnages marginaux rejetés qui « porte[nt] malheur à tout ce qui [les] entoure ». La bataille d’Hernani témoigne de l’implication du public, des faits de mode au théâtre et de leur résonance. Et si Molière choisit de « revisiter

(1859 à 1883), comme son œuvre romanesque est dominée par Notre-Dame de Paris (1831) et les Misérables (1862). Après la préface manifeste de Cromwell, Victor Hugo entre de façon fracassante dans le milieu du théâtre du début du XIXe siècle avec Hernani (1830) et la célèbre bataille au moment de la création à la ComédieFrançaise. Hugo est alors le chef de file incontesté de l'école romantique. Dans l'écriture de ses drames, passion et politique sont des forces qui s'entrechoquent, et les fulgurances

cris de douleur de Dom Juan, le tonnerre menaçant… la manière dont le metteur en scène se représente la scène conditionnera donc la représentation qu’il en donnera. De la même manière, dans Aulularia de Plaute, nous pouvons imaginer deux vues du monologue d’Euclion : soit ce personnage nous inspire de la pitié car l’acteur simule une peine profonde, soit il se rend ridicule par des grands gestes et cris exagérés. En supplément, un texte pourra être interprété de différentes manières selon le contexte

se répondent (stichomythie) aux répliques longues et élaborées qui constituent des tirades (exemple : le récit de Théramène à la fin de Phèdre de Racine). Quand le personnage est seul sur scène (ou se croit seul) et s’exprime, il s’agit d’un monologue. Celui-ci a pour fonction l’information du spectateur et l’introspection du personnage qui fait le point avec lui-même comme Figaro (Le Mariage de Figaro, acte III, scène 5) et parfois délibère comme Rodrigue dans les stances du Cid (acte I, scène

CHOIX ET JEU DES ACTEURS ➝ MISE EN ESPACE ➝ DÉCORS Séquence 5-FR20 13 Texte théâtral et énonciation Quant aux paroles des personnages, c’est-à-dire au texte lui-même, il mime la réalité (on parle de mimésis) sous forme de monologue (un personnage seul), de dialogue/polylogue (deux ou plusieurs personnages échangent) et d’aparté (un personnage tient des propos que d’autres personnages sur scène sont censés ne pas entendre). Il mime la réalité… Oui, mais dans la réalité, parlez-vous

théâtre se limitant à la parole 1 Un spectacle avant tout oral Argument 1 : Il n’existe pas de théâtre muet. Un spectacle sans paroles est un mime. La parole est indissociable du théâtre. Argument 2 : Le théâtre est avant tout constitué de monologues, de tirades, de dialogues et d’apartés qui présentent une certaine unité. La double énonciation complète cette unité et crée un lien entre personnages et public. Argument 3 : Les paroles construisent l’intrigue et ses rebondissements, en permettent

l'action. → La vérité dépend beaucoup de la « couleur locale ». → Maintien du vers (en alexandrin dramatique, capable d'une grande souplesse rythmique) qui est pour Hugo « la forme optique de la pensée ». Hugo a appliqué ses théories dans Hernani (1830) [bataille d'Hernani dès la première représentation] & Ruy Blas (1838). * Autres exemples de drames romantiques : Lorenzaccio (1834) de Musset, Chatterton (1835) de Vigny, pièces historiques de Dumas père, échec retentissant des Burgraves