Pauca Meae

Victor Hugo prend soin de ne pas citer le nom de l’enfant disparue, Léopoldine. Il ne la désigne qu’en fonction du lien affectif qui la relie à lui. Ainsi la référence à la dixième Bucolique de Virgile dans la formule concise et elliptique « Pauca meae » illustre le refus de toute effusion. Si le poète ne nomme pas explicitement Léopoldine, c’est sans doute pour transcender la seule dimension intime de son tombeau poétique, ce qui est déjà préparé par l’évocation de deuils et de chagrins qui

baigne dans une aura mystique * ! Les Contemplations est un recueil de plus de 11000 vers !, orchestré en 6 livres : . « Autrefois » = « Aurore » (livre 1) + « L’âme en fleur » (l. 2) + « Les luttes et les rêves » ( l. 3) ; . « Aujourd’hui » = « PAUCA MEAE » (l.4) + « En Marche » (l.5) + « Au bord de l’infini » (l.6).  la mort de Léopoldine est au centre du recueil (dans le poème intitulé « A celle qui est restée en France ») et, d’ailleurs, à la fin du recueil, le sommet de l’œuvre, se trouve

III, Les luttes et les rêves, des engagements et des combats de l’homme politique dans les années 40, aussi bien que des colères de l’exilé en train de composer ses Châtiments. b) Aujourd’hui, qui comporte 59 poèmes, s’ouvre sur les pièces de « Pauca Meae », ce livre IV entièrement consacré à la mémoire de Léopoldine. Dans 44 les deux derniers livres, En Marche et Au bord de l’infini, l’inspiration élégiaque s’épanouit en un lyrisme de dimension humanitaire et cosmique. c) « La Préface » des

la fille disparue, Léopoldine. Pourtant Hugo prend soin de ne pas citer son nom. Il ne la désigne qu’en fonction du lien affectif qui la relie à lui. Ainsi la référence à la dixième Bucolique de Virgile dans la formule concise et elliptique « Pauca meae » illustre le refus de toute effusion. La date de la mort de l’enfant est certes inscrite au cœur du livre IV et du recueil, suivie d’une ligne de points qui en souligne visuellement l’importance fondatrice, et elle est relayée par des inscriptions

d’exemple, le tableau 2 donne le détail de ces découpages pour Contemplations. Tableau 2. Détail des Contemplations (V. Hugo) Tome 1 Autrefois (1830-1843) 2 Aujourd’hui (1843-1855) Livre 1 2 3 4 5 6 Titre Aurore L’âme en fleur Les luttes et les rêves Pauca meae En marche Au bord de l’infini Longueur (mots) 14 426 6 634 18 972 6 213 15 787 29 858 Naturellement, ces découpages doivent non seulement respecter les césures indiquées par l’auteur mais aussi être sans incidences sur les résultats. Cela donne

est entièrement consacré à la fille du poète, Léopoldine, morte le 4 septembre 1843. Le poème VIII, « A qui donc sommes-nous ? » est situé dans la deuxième partie de Les Contemplations, « Aujourd’hui » 1843-1855 dans le livre quatrième intitulé « Pauca meae ». Ce poème se situe après la rupture marquée par une ligne de points entre le poème II, « le 15 février 1843 » et le III « trois ans après » qui symbolise la mort de Léopoldine. La lecture linéaire de ce poème va me permettre de montrer comment

d’exemple, le tableau 2 donne le détail de ces découpages pour Contemplations. Tableau 2. Détail des Contemplations (V. Hugo) Tome 1 Autrefois (1830-1843) 2 Aujourd’hui (1843-1855) Livre 1 2 3 4 5 6 Titre Aurore L’âme en fleur Les luttes et les rêves Pauca meae En marche Au bord de l’infini Longueur (mots) 14 426 6 634 18 972 6 213 15 787 29 858 Naturellement, ces découpages doivent non seulement respecter les césures indiquées par l’auteur mais aussi être sans incidences sur les résultats. Cela donne

per omnes philosophiae magistros funderem, omnes schedas excuterem, omnes familias agnoscerem. Quare, cum mihi de illis omnibus esset dicendum, ne, si privati dogmatis defensor reliqua posthabuissem, illi viderer obstrictus, non potuerunt, etiamsi pauca de singulis proponerentur, non esse plurima quae simul de omnibus afferebantur. Nec id in me quispiam damnet, quod «me quocunque ferat tempestas deferar hospes»71. Fuit enim cum ab antiquis omnibus hoc observatum, ut omne scriptorum genus evolventes

à l'élégie, etc. Quelques années plus tard, Hugo déclare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856 : « Qu'est-ce que les Contemplations ? – Les mémoires d'une âme105 ». Apothéose lyrique, marquée par l'exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adorée : exil affectif, exil politique : Hugo part à la découverte solitaire du moi et de l'univers. Le poète, tout comme dans les Châtiments, se fait même prophète, voix de l'au-delà, voyant des secrets de la vie après la mort et qui

de trois livres chacun. Ces «mémoires d'une âme» s'élèvent par degrés de l'évocation paisible d'un bonheur individuel (‘’Un soir que je regardais le ciel’’) à la méditation douloureuse mais apaisée sur le grand deuil de 1843. Sous le titre de ‘’Pauca meae’’, emprunté à Virgile, Hugo dédie à la mémoire de sa fille disparue quelques-uns de ses vers les plus émouvants, puis le rappel du premier drame de l'histoire humaine (Adam et Ève pleurant sur leur fils dans ‘’Les malheureux’’) jusqu'à la vision