Yves Le Prieur

il m’a fait faire quelques progrès dans la connaissance de votre langue ; et dès que j’ai pu m’exprimer intelligiblement, je suis venu voir votre pays, parce que j’aime assez les Français quand ils ne font pas trop de questions. » L’abbé de Saint-Yves, malgré ce petit avertissement, lui demanda laquelle des trois langues lui plaisait davantage, la huronne, l’anglaise, ou la française. — La huronne, sans contredit, répondit l’Ingénu. — Est-il possible ? s’écria Mlle de Kerkabon ; j’avais toujours

microsociété ? Mademoiselle de Kerkabon considère que ce qu'elle connait est le meilleur: « S'écria mademoiselle de Kerkabon ; j'avais toujours cru que le français était la plus belle de toutes les langues après le bas−breton. » Monsieur le prieur souhait s'assurer que l'ingénu est bien un huron ce qui traduit un manque de confiance envers celui-ci. «…il reconnut l'Ingénu pour un vrai Huron. » ethnocentrisme: « on convint que, sans l'aventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parlé

s’attachera  tout en les interprétant, à montrer  l’imbrication de ces trois aspects, et la manière pour le conteur , de dissimuler /mettre en relief le message sérieux sous le masque moire des situations. +++ Le chap. XX s’intitule « La belle Saint Yves meurt, et ce qui en arrive ». L’art du titre ou la titrologie : La fonction cataphorique ou programmative du titre définie comme « fonction d’annonce, qui  ouvre des pistes de lecture, ou de la scène d’exposition qui lance des orientations » (Calas

mémoire, registre pathétique B) Les personnages présents Les Kerkabon: kerk= chez kabon= aide à la bonté Ils sont qualifiés par leur nom et sont sensibles, bons Très souvent, ils sont associés et forment un couple « l’un et l’autre » Le prieur: homme apprécié « très bon ecclésiastique », aimé de ses voisins et tout le monde disait du bien de lui Il lit Rabelais (lectures censurées) « il est aimé de ses voisins avant ses voisines »= image d’un

critique. Au centre de la scène un étranger, un jeune indien de la tribu Huron, qui arrive en France ; autour de lui, toute une petite société qui l'observe en exprimant sans détour ses préjugés. On entend surtout le bailli, l'abbé de St. Yves et la soeur d'un prieur (l'abbé de Kerkabon) : le premier ne sait pas se taire et indispose l'Ingénu par son bavardage ; le second ainsi que Mademoiselle de Kerkabon a des naïvetés d'esprit ignorant les différences d'autrui. La vanité du premier et les feints

communauté, au travers du personnage du père Tout-à-tous, incarnation même de la casuistique néfaste exercée par les jésuites. Effectivement, au chapitre XVI, il condamne tout d’abord celui qui a abusé de son pouvoir pour tenter de séduire Melle de Saint-Yves, en accusant d’ailleurs un janséniste (la question des préjugés sera abordée plus tard), mais l’absout aussitôt lorsqu’il apprend qu’il s’agit du puissant Saint-Pouange et trouve alors des raisonnements inexactes pour pousser sa pénitente à transiger

donc seules les affaires qu'ils peuvent tirer un intèrêt personnelle ou un intêret royal qui les intérressent. Les histoires trop personnelles, de tristesse, d'amour, de famille leur importent peu : Pp.93-94 s'il obtient la virginité de Mdll de St-Yves, il l'aide. Si elle refuse, il aura d'autre affaire à s'occuper et laissera l'Ingénu en prison. Même si il est innocent, cela ne lui importe pas. Voltaire dénonce la vénalité des charges, c'est à dire que les personnes ayant de l'argent peuvent se

christianisme. Un hybride narratif Caractérisé par :    le respect du schéma général des contes : un jeune héros, sa quête, des obstacles, la présence des éléments du conte : onomastique motivée (Kerkabon : "bon" du bon chanoine et sa douce sœur ; Saint Yves et sa consonance bretonne ; « abacaba », Huron, « Hercule » ; « Tout à tous », expression de Saint-Paul qui signifie s'oublier soi-même pour être tout aux autres et détourné par Voltaire pour qualifier l'insignifiant père jésuite et sa souplesse d'échine

battit ; ils voulurent le lui rendre, et la scène allait être sanglante, s’il n’eût passé un garde du corps, gentilhomme breton, qui écarta la canaille. Monsieur, lui dit le voyageur, vous me paraissez un brave homme ; je suis le neveu de monsieur le prieur de Notre-Dame de la Montagne ; j’ai tué des Anglais, je viens parler au roi ; je vous prie de me mener dans sa chambre. Le garde, ravi de trouver un brave de sa province, qui ne paraissait pas au fait des usages de la cour, lui apprit qu’on ne parlait

mode de l'époque. Sa différence nous démontre sa liberté d'esprit. Pour continuer, au cours de l'histoire, Huron vient à se faire baptiser. L'ingénu ne voulait pas un baptême comme les autres, mais un baptême comme Jésus. Dans la citation, suivant le prieur refuse de lui baptiser de sa façon. Il lui répond «je vous défie de me monter dans le livre que vous m'avez donné qu’on n’y soit jamais pris d'une autre façon». Je ne serais point baptisé ou je le serais dans la rivière. Voltaire a utilisé une hyperbole