Zéphora

laissant la petite fille dans la saleté, ignorant l'eau et l'hygiène. Ses biberons, selon la légende, se seraient faits au vin rouge. Elle reste 18 mois dans cette pauvre demeure avant que son père en permission de retour du front, ou peut-être sa tante Zéphora, la confie à sa grand-mère paternelle, patronne d'une maison close à Bernay en Normandie. Édith est choyée par les prostituées de la maison, mangeant pour la première fois à sa faim, portant de jolies robes et buvant du lait de Normandie. Vers l'âge

nous soient exposés. Ainsi, dans Un amour de Swann , de Proust, si Swann, après l’avoir tout d’abord considéré comme plutôt banale, voire laide, perçoit une forme rare de beauté chez Odette, c’est parce qu’il lui a découvert une ressemblance avec Zéphora, personnage peint sur une fresque qu’il a un jour admiré dans la Chapelle Sixtine. Dans cette situation, comme, finalement, dans toute autre semblable, c’est bien la Vie qui se fait imitatrice de l’Art. Mais quel est ce masque que l’artiste fait

mauvais effet. Swann passe le début de la soirée avec une petite ouvrière, la fin avec Odette. La petite phrase de Vinteuil, air national de l'amour de Swann et d'Odette. Le chrysanthème, le thé d'Odette. Une seconde visite : Odette ressemble à la Zéphora de Botticelli. Odette, "oeuvre florentine". Comment Swann s'efforce de prévenir la lassitude ; ses lettres feintes provoquent des réponses tendres : la lettre d'Odette écrite le jour de la fête de Paris-Murcie. Un soir, Swann ne trouve pas Odette

réalité qu’ils ont pourtant sous les yeux (De la Nature, IV). Et rien ne vaut la réflexion conduite par Proust dans Un Amour de Swann, pour illustrer le propos : c’est à partir du moment où l’esthète superpose à la perception d’Odette l’image de la Zéphora de Botticelli, et à partir du moment où il se le dit et s’en persuade, qu’il tombe – pour une fois la dénomination vulgaire convient parfaitement ! – amoureux. Le pauvre homme… C’est que l’image comporte une sorte de valeur ajoutée, qui s’impose à

est donc bien créatrice. Pour Proust, ensuite, l'imagination peut créer le désir en se superposant à la réalité. Ainsi, Swann, qui trouvait qu'Odette « n'était pas [son] genre », finit par la voir désirable, en calquant sur elle les traits de la Zephora de Botticelli, donc en créant une autre image d'Odette, qui transforme la réalité en son opposé. L'imaginaire de Swann cherche donc à neutraliser la réalité afin d'imposer à la place une pseudo-réalité, plus agréable. Cet imaginaire se coupe finalement

amoureux d’Odette, il le devient. L’amour se confond avec une expérience intérieure. Ainsi, il lui faudra transfigurer cette beauté d’Odette qui ne lui convient pas en une beauté plus conforme à ses propres normes esthétiques. Assimilée à la Zéphora du peintre Botticelli, Odette est sublimée en oeuvre d’art : « Le mot d'"oeuvre florentine" .................surnaturels et délicieux. » p. 268 Quant à l’amour physique, il est mis à distance sous la forme d’un rituel : « faire catleya ».

-p.266 : défauts d’O. qu’on perçoit à travers son écriture : « désordre de la pensée, l’insuffisance de l’éducation, le manque de franchise et de volonté » ( ?) -p. 268-269 : amour de S. pour O. est avivé par la ressemblance de celle-ci avec la Zéphora de Botticelli, mais aveuglement de S. : « Il oubliait qu’Odette n’était pas plus pour cela une femme selon son désir, puisque précisément son désir avait toujours été orienté dans un sens opposé à ses goûts esthétiques. » Plus loin p. 269 : S. a

précieux, c’est très difficile et rare. Références du texte de Proust pouvant aller avec Spinoza. Texte 1· Imagination : Swann s’imagine Odette, il se contraint à la percevoir à travers des traits amplifiés. A tel point qu’il l’identifie à Zéphora, une figure magnifique peinte par Botticelli. Ainsi, il se fait selon Spinoza une idée inadéquate d’Odette en accompagnant son image d’idées confuses. Ce qui pourra justifier par la suite la perte d’amour, car celui-ci était en fait inadéquat. · Se

pantin, un automate, qui n’a que l’esthétique pour ressort. SWANN donne l’image de lui-même dans son aventure amoureuse avec Odette de CRECY. SWANN ne devient véritablement amoureux d' Odette que par la grâce d'une ressemblance avec le visage de Zéphora, la fille de Jéthro, tel que l’a représenté BOTTICELLI dans la chapelle Sixtine : le visage d’ Odette est désormais transfiguré par l’art, comme si la vie s‘était calquée sur l’art et que, ce faisant, elle autorisait SWANN à désirer Odette. - STENDHAL

certains constitue tout de même une sérieuse entorse à celui qui recherche la vérité, l’objectivité. En réglant la réalité sur nos désirs, l’imagination entretient une illusion. Ainsi Swann fait d’une femme entretenue, Odette, la réincarnation de la Zéphora peinte par Boticelli dans une fresque de la chapelle Sixtine. Odette devient alors un pur produit de l’imagination, elle est idéalisée et Swann se prive de la connaître réellement. Là encore, l’imagination, qui embellit, nous éloigne de la réalité