1880-1914
Figures II
chapitre : Frontières du récit
Définition positive du récit : représentation d'un événement ou d'une suite d'événements, réels ou fictifs, par le moyen du langage, et plus particulièrement du langage écrit.
Mais, définir positivement le langage c'est aussi risquer l'idée d'un récit qui va de soi, où rien ne serait plus naturel que de raconter une histoire, un conte, un mythe.
La littérature moderne en un demi-siècle a ainsi voulue et s'est ainsi faite interrogation, ébranlement, contestation du propos narratif. D'où la stupeur de Valéry considérant un énoncé tel que « La marquise sortit à 5 heures » (signification ?!). Soit en quelque sorte : Pourquoi le récit ? - pourrait nous inciter à reconnaître ses limites négatives, comment se constitue-t-il en face des diverses formes de non-récit.
Diégésis et Mimésis
Le nom diégèse, du grec διήγησις (diêgêsis), a deux acceptions :
dans les mécanismes de narration, la diégèse est le fait de raconter les choses, et s'oppose au principe de mimesis qui consiste à montrer les choses ; c'est l'univers d'une œuvre, le monde qu'elle évoque et dont elle représente une partie.
Pour Aristote, le récit (diégésis) est de fait un des deux modes de l'imitation poétique (mimésis), l'autre étant la représentation directe des événements par des acteurs agissants et parlants devant le public. Le récit s'opposerait ainsi à l'imitation comme son antithèse et comme un de ses modes.
Pour Platon, ces deux modes s'incorporent dans le lexis. Par simple récit, il entend ce que le poète raconte « en son propre nom, sans essayer de faire croire que c'est l'autre qui parle ». Au contraire l'imitation consiste à faire parler lui-même un des personnages de l'histoire ou selon Platon, « en s'efforçant de nous donner l'illusion que ce n'est pas lui qui parle mais bien le personnage même ».
De là se fonde une classification pratique des genres qui comprend deux modes purs (narratif, représenté par