Commentaire : C’est à l' "Enquête sur la Richesse des Nations" qu’Adam Smith doit sa réputation de fondateur du libéralisme mais aussi celui de l’économie comme une science à part entière. Pourtant son œuvre constitue un ensemble beaucoup plus complexe et élaboré, fortement influencé par des idées humanistes.
Smith est-il réellement aussi libéral qu’on veut bien le penser? Ce qu’on oublie souvent c’est qu’Adam Smith est avant tout un philosophe. Son économie entretient un lien indissociable avec sa philosophie morale et politique. Son libéralisme est par conséquent, plus pragmatique que doctrinaire. Il se méfie des systèmes qui font reposer la société sur un principe unique quel qu’il soit. Considérons la thèse de l'intervention minimale de l’État dans les affaires économiques. Son rôle serait uniquement de : * « défendre la société de tout acte de violence ou d’invasion de la part des autres sociétés indépendantes » * « protéger autant qu’il est possible, chaque membre de la société contre l’injustice ou l’oppression de tout autre membre. * « établir une administration exacte de la justice » * « ériger ou entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l’intérêt privé d’un particulier ne pourrait jamais les porter à ériger ou à entretenir, parce que jamais le profit n’en rembourserait la dépense. » Cette approche du rôle de l’Etat, qui doit être un arbitre plus qu’un acteur direct dans les activités économiques, est bien libérale. Mais le dernier devoir laisse une perspective relativement ouverte. De plus, on l'interprète souvent à tort, comme un désengagement moral et politique de l'Etat, en dehors de la société et du marché. Hors, de nombreux champs de l’activité économique et sociale restent ouverts à l’action de l’Etat soit pour les réglementer, soit pour y intervenir activement : contrôle de l’activité des banques, détermination des taux d’intérêts, protection de la valeur de la monnaie,