Analyse, orniere

947 mots 4 pages
À droite l'aube d'été éveille les feuilles et les vapeurs et les bruits de ce coin du parc, et les talus de gauche tiennent dans leur ombre violette les mille rapides ornières de la route humide. Défilé de féeries. En effet : des chars chargés d'animaux de bois doré, de mâts et de toiles bariolées, au grand galop de vingt chevaux de cirque tachetés, et les enfants et les hommes sur leurs bêtes les plus étonnantes ; — vingt véhicules, bossés, pavoisés et fleuris comme des carrosses anciens ou de contes, pleins d'enfants attifés pour une pastorale suburbaine. — Même des cercueils sous leur dais de nuit dressant les panaches d'ébène, filant au trot des grandes juments bleues et noires.

Pur moment de créativité, Ornières (dont on notera le pluriel) vient développer une vision fraîche et mystérieuse. C’est un détour dans un univers modifié. Le poète transforme ce qu’il voit et nous en donne le résultat dans une instantanéité formidable quoique nuancée comme toute voyance rimbaldienne. Et n’est-ce pas là seulement, le sens de ces ornières, chemins de traverse ou paysages qui se surimpriment sur les paysages existants ? En effet, il serait trompeur de croire que la démarche du voyant n’est pas une démarche profondément énergique, qui a pour objet de dynamiser les éléments de la réalité, non pour créer des erreurs mais bien pour révéler une potentialité. C’est le cas avec ce carrousel. D’ailleurs, il était temps ! Lorsque le feuillet des Illuminations a été remis par Rimbaud à Verlaine, Ornières figurait bien en dessous de Ville. Et l’on voit, au moins symboliquement, la nécessité d’échapper à une ville occidentale ou une ville trop raisonnable, à creuser des ornières que le citoyen du texte précédent avait pris soin, comme ses concitoyens, de boucher. En ce sens, l’élément naturel qui prédomine dans Ornières est une bonne solution pour contrecarrer la désastreuse image de la Ville. Insistons enfin sur le pluriel de ces ornières qui indique,

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