André Gie
—Lecture de L’Immoraliste et de La Porte étroite
André Gide, grand écrivain du 20e siècle, est né dans une famille de la haute bourgeoisie, d’un père protestant et d’une mère catholique. Imprégné d’une éducation rigoriste dès son enfance, il est cependant tourmenté par des aspirations contraires aux modes admis, et se révolte avec vivacité contre la morale traditionnelle.
En effet, Gide ne se mettrait en aucun dogme : il est maître de sa propre file. La personnalité de cet écrivain paraît si errante qu’il inspire des inquiétudes chez les lecteurs, alors qu’ en son fort intérieur, il s’éprend de ses diverse tendances morales. Né pour observer et disséquer toute tendance spirituelle, Gide s’efforce de créer une œuvre où il est constamment présent pour la vivre, et la sympoliser, mais il ne s’attache à ancun personnage qu’il crée sous la plume. Dans L’Immoraliste, le héros Michel qui, en dépit de la valeur traditionnelle, connaît la pédophilie, la volupté et l’hommosexualité au détriment de la santé et du bonheur de sa femme Marceline représente un sort extrême; alors que dans La Porte étroite, Jérôme et sa cousine Alissa se séparent sous le poids de la valeur traditionnelle bien qu’ils s’aiment tendrement, partageant les lectures, les plaisirs du jardinage et les cheminements spirituels. Il semble que ce roman en est un autre extrême : la piété au prix du bonheur. Dans les deux œuvres s’infiltre la valeur morale de Gide. Telle une fleur du mal, chaque évolution de son concept moral aboutit à une fin tragique et émouvante !
Les personnalités métamorphosées font de ce grand écrivain un artiste moraliste apte à analyser toute tendance morale et la tenir pour un art au lieu de reprocher de façon arbitraire l’immoralité. Gide ne se croirait jamais défendeur de tel ou tel comportement, mais il défend toujours son concept de moralité, guide de sa vie. L’écriture est pour Gide un moyen de vivre. Il a transmué le matériel de sa vie