Apre S Avoir De Construit La Fiction De L E Mergence Et De L Expansion D Une
Bien qu’il ne faille pas confondre le ghetto noir étasunien - qui est racial - et la banlieue rouge européenne - qui est prolétarienne, on peut montrer la cristallisation d’un "nouveau régime de marginalité urbaine" spécifique au capitalisme post-fordiste. Cette "marginalité avancée" s’écarterait du ghetto racial étasunien et de l’espace ouvrier européen, expliquant ainsi les processus de dégradation que l’on constate simultanément, depuis vingt ans, dans les deux cas.
"(...) l’hyperghetto étasunien de la fin de siècle est un microcosme fermé, racialement monocorde et culturellement unifié qui se caractérise par une faible densité organisationnelle et une pénétration limitée et décroissante de l’Etat-providence, alors que sont homologue structural côté français est foncièrement hétérogène dans son recrutement ethnonational et même social, ouvert sur son milieu environnant, et adossé à une présence comparativement forte des institutions publiques." (p. 240).
"(...) le retour des réalités "refoulées" de la pauvreté extrême er de la déchéance sociale, des divisions ethnoraciales et de la violence publique, et leur accumulation au sein même des zones déshéritées suggèrent que les villes du Premier monde sont désormais confrontées à ce que l’on peut appeler la marginalité avancée. Ces nouvelles formes de fermeture excluante qui se traduisent par un refoulement à la marge de l’espace social et physique ont émergé - ou se sont intensifiées - dans les métropoles post-fordistes, non pas sous l’effet de l’inadaptation ou de l’arriération économique mais, tout au contraire, par suite des mutations des secteurs les plus avancés des sociétés et des économies occidentales telles qu’elles s’impriment