Arrrias

1323 mots 6 pages
Le premier défaut d'Arrias est l'irrespect des bienséances, ensemble des codes de politesse qui règle la vie mondaine de ce temps. Sa prise de parole est, en effet, doublement inconvenante, mise en valeur par la double présentation inversée : “il prend la parole”, “il l'ôte à ceux…”. Dans son désir de briller, il s'impose au premier plan et monopolise la conversation, ce que ne ferait pas “l'honnête homme” qui, lui, veillerait à l'équilibre et à l'harmonie dans une assemblée : on notera la récurrence du pronom “il” qui envahit le texte. De plus il n'est pas l'hôte, “un grand”, auquel revient le rôle de diriger cette conversation.

Cela se traduit aussi par son manque de discrétion, avec ce rire amplifié par l'hyperbole : “il en rit jusqu'à éclater”. Bruyant à l'excès, il se fait remarquer, mais, plus grave encore, il s'est coupé de son auditoire, se laisse emporter par ses propres paroles, puisqu'il il rit “le premier” de ses “historiettes”. Isolé dans son narcissisme, c'est donc un conteur fort maladroit, qui devance les réactions de ses auditeurs.

Enfin il est bien, pour reprendre le titre de Théophraste, un “grand parleur”, défaut annoncé par le verbe introducteur, “il discourt”, et reproduit par la structure même de la deuxième phrase : l'asyndète, qui consiste à juxtaposer de courtes propositions, donne l'impression que le personnage a envahi l'espace par sa parole. La Bruyère montre que le personnage a perdu tout sens de la mesure en recourant au procédé de l'accumulation : les verbes s'enchaînent, jusqu'à “il récite” qui donne l'impression d'un discours préparé et débité à la façon d'un acteur. On notera aussi l'énumération des sujets abordés : “[l]es moeurs de cette cour, [l]es femmes du pays, […] ses lois et […] ses coutumes”. Rien ne lui est étranger, du plus général au plus particulier, jusqu'aux “historiettes”, anecdotes frivoles.

Même le ton qu'il adopte lorsqu'un contradicteur l'interrompt contrevient aux règles de la bienséance par son

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