Durant l'été 1889, Vincent Van Gogh traverse l'une de ses plus graves crises de démence. Pendant 5 semaines, il perd contact avec la réalité. Il tente même de se suicider en avalant la couleur de ses tubes.

Revenu à lui, il craint de subir une nouvelle crise et préfère rester cloîtrer plusieurs semaines dans sa chambre. Ne pouvant plus peindre alors la nature, il se tourne donc vers les portraits et notamment les autoportraits. Ainsi y exprime-t-il ses émotions.

Dans l'autoportrait 1, Vincent présente un visage déterminé, presque coléreux. Mais son regard qui fixe le spectateur semble exprimer une profonde inquiétude, un noir pressentiment. De plus, l'arrière-plan est dominé par les lignes sinueuses, plongeant Vincent dans un ensemble confus de tourbillons et de vagues.

On ne peut qu'éprouvait un profond malaise devant cet autoportrait, celui d'un artiste voulant faire bonne figure mais qui ne peut pas cacher cette démence qui menace de l'engloutir. Les yeux de l'artiste semblent ainsi appeler à l'aide le spectateur.

L'autoportrait 2 est sans doute le plus impitoyable de tous, le plus cruel. Vincent l'envoie à sa mère! Son visage apparaît bosselé, amaigri. On remarque son oreille mutilée. Paradoxalement, Van Gogh semble à la fois déterminé et résigné. Déterminé à se montrer tel qu'il est à sa mère qui ne le comprend pas. Résigné face à la perspective d'une nouvelle crise.

Là encore, le fond vert et vibrant dévoile cette menace constante: le vert envahit subrepticement le visage de l’artiste comme la folie ne cesse de s’immiscer en son être.

Clairement, dans ces deux autoportraits, la priorité de Van Gogh n’est pas d’imiter la nature, c'est-à-dire de faire un portrait ressemblant. Au contraire, la couleur et le trait s’écartent de la réalité et sont d’autant plus expressifs. Ce qui intéresse Vincent n’est pas la réalité extérieure mais ses sentiments intérieurs. Ces autoportrait plongent jusqu’aux fins fonds de son âme désespérée.

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