Si les barrières à l’entrée sont importantes, c’est qu’elles sont en jeu dans la quasi-totalité des affaires de concurrence autres que les infractions caractérisées comme la participation à une entente injustifiable. Il convient donc de prendre en compte ces barrières lorsqu’on évalue une position dominante, que l’on détermine si un comportement unilatéral risque de dissuader de nouvelles entreprises de participer à un marché, et quand on analyse les effets probables de fusions sur le jeu de la concurrence, pour ne citer que quelques exemples. Si une fusion doit accentuer la concentration au point d’amener une autorité de la concurrence à s’interroger sur la possibilité d’effets anticoncurrentiels, les barrières à l’entrée ont leur importance car la concurrence ne faiblira pas tant que de nouvelles entreprises pourront entrer sur le marché avec facilité et rapidité et en grand nombre. En conséquence, les autorités qui s’efforcent de bloquer une fusion doivent en général montrer que des barrières rendent improbables une entrée rapide et en nombre significatif de nouvelles entreprises. De même, pour établir l’existence d’importantes barrières à l’entrée, il faut généralement prouver qu’une large part de marché se traduit, en termes de pouvoir de marché, par une situation de monopole et l’abus de position dominante. ■
Ces dernières années, plusieurs spécialistes de la concurrence ont conclu que le débat autour des barrières à l’entrée devrait être considéré comme hors de propos, s’agissant de la politique de la concurrence. D’après eux, il est peu probable que la réflexion abstraite et théorique sur la définition de ces barrières se révèle très utile pour les enquêtes et les décisions d’action. Ce qui importe, dans les cas concrets, ce n’est pas de savoir si un obstacle répond à telle définition de la barrière d’entrée plutôt qu’à telle autre, mais de s’interroger de manière plus pragmatique sur la possibilité, l’opportunité et la mesure dans laquelle une entrée peut