Bonheur des dames.doc
Le roman en France connaît à l'époque romantique un important renouvellement. On peut sommairement distinguer trois grandes nouvelles formes romanesques.
On citera d'abord le "roman de l'âme", qu'il soit à la "première personne" (narrateur et personnage principal confondus) ou à la "troisième personne" (narrateur distinct du personnage). Ce type de roman représente la subjectivité d'un individu en rupture avec le monde environnant. Par exemple, René de Châteaubriand, Corinne de Mme de Staël, Oberman de Senancour... L'écart entre l'individu et le monde se traduit alors souvent par une pathologie qui peut être décrite de façon objective ou distanciée (comme l'impuissance du héros dans Armance de Stendhal ou la faiblesse de caractère dans Adolphe de Benjamin Constant). Dans ces romans, l'intérêt du lecteur porte ainsi sur la singularité subjective d'un individu qui, bien loin de se présenter comme un modèle plus ou moins héroïque, apparaît comme essentiellement différent des autres à cause d'une "maladie de l'âme" (comme la mélancolie de René ou la folie chez Nerval) qui l'éloigne des autres hommes.
Une deuxième forme romanesque originale est le roman réaliste dont les deux grands représentants sont Stendhal et Balzac. Chez Balzac, le monde objectif dans sa diversité et ses particularités devient un élément essentiel de la représentation romanesque : la description va alors s'attacher à des détails extérieurs (gestes, attitudes des personnages, habits et modes d'être, décors...) qui peuvent paraître à première vue insignifiants mais dans lesquels le romancier découvre un sens caché, une "harmonie" qui révèle l'intériorité masquée des personnages. C'est le cas en particulier du Lys dans la vallée, et de Illusions perdues. Stendhal met quant à lui l'accent sur la dimension explicative du comportement des personnages (en particulier dans le Rouge et le Noir) : il analyse les différents facteurs qui pèsent sur les comportements individuels, qu'il