Candide chapitre 3
Situation
Après avoir été chassé « paradis » de Thunder-ten-tronckh, Candide est enrôlé dans l’armée bulgare. Au début du chapitre III, il assiste à une bataille à laquelle il ne comprend plus rien.
Composition et mouvement
La composition de ce texte oppose deux images de la guerre. Dans le premier paragraphe, Candide la considère avec ses préjugés philosophiques : elle lui semble un jeu séduisant qui confirme ses théories. Mais bientôt, dans la deuxième partie du passage, il en découvre la réalité concrète et absurde. Le bel ordre initial fait alors place au chaos. Les vérités auxquelles croyait le héros sont brutalement remises en question.
1. La guerre des soldats de plomb
L’humour du premier paragraphe vient de ce que Voltaire adopte le point de vue naïf et intellectuel du jeune philosophe. La bataille se présente à lui d’une manière esthétique, comme « une harmonie ». Le mot renvoie en outre à la doctrine de « l’harmonie préalable » de Leibniz : dans cette perspective, la guerre cesse d’être absurde, car elle s’inscrit dans la logique d’une volonté providentielle qui veille au destin des hommes.
L’accumulation des adjectifs et la répétition de l’adverbe intensif « si » traduisent l’émerveillement de Candide devant la beauté et la symétrie du spectacle : « si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné ». Cette harmonie visuelle devient ensuite auditive avec le concert d’instruments qui suggère l’image d’une guerre joyeuse.
Mais Voltaire introduit déjà des dissonances qui altèrent ce bel ordre. D’abord, on note une progression des instruments vers les sons graves : des « trompettes » et des « fifres », on passe aux « tambours » ; de plus, dans cette accumulation d’instruments de musique, se glisse ironiquement le mot « canons » ; enfin, « une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » rappelle malicieusement des expressions comme « un bruit d’enfer » ou « un bruit de tous les diables » qui vont précisément