Chronique de aziz lahlou
Analyse
Notre économie doit sortir du monde imaginaire
On parle de plus en plus, au Maroc, d'une nouvelle économie qui permettrait un rythme de croissance plus soutenu que par le passé. En effet, je pense qu'il existe bel et bien un nouveau régime de croissance. Pendant longtemps, il était admis chez les conjoncturistes que la croissance maximale compatible avec un niveau supportable d'inflation (soit 2%) était de 2,25%. Or, aujourd'hui, à titre d'exemple, la Federal Reserve, qui a justement pour mission de veiller à ce que l'inflation ne décolle pas de ces 2%, admet elle-même publiquement que, désormais, un rythme de croissance de 3,5% est acceptable. La hausse de la "vitesse limite" de l'économie est liée d'abord et avant tout à la baisse constante depuis plusieurs années des prix des biens d'équipement. Cela ne se limite pas au prix des ordinateurs : les avions, les camions ou encore les machines-outils voient eux aussi leurs prix baisser. Cela suscite un comportement des entreprises beaucoup plus favorable à l'investissement dans la plupart des grands pays industrialisés. Or, quand les entreprises investissent plus, on voit se réduire considérablement le risque d'apparition de ces goulots d'étranglement qui, avec le recul, sont identifiables comme le principal facteur d'inflation au cours des années 70 à 90. L'Internet et les nouvelles technologies sont évidemment partie prenante du nouveau régime de croissance, et cela par plusieurs biais. D'abord, ils contribuent à la baisse du prix des biens d'équipement que les entreprises, marocaines ou autres, sont appelées à acheter. Ensuite, et cela se voit désormais clairement dans les statistiques, ces biens d'équipement accroissent la productivité. Enfin, grâce à l'introduction en bourse des sociétés de l'Internet, ils soutiennent le marché boursier et permettent l'enrichissement des ménages qui sont actionnaires. Cet "effet richesse" est extrêmement visible aux Etats-Unis et commence à