Commentaire baudelaire "a une passante"
André Durand présente
‘’À une passante’’
sonnet de Charles BAUDELAIRE
figurant dans
‘’Tableaux parisiens’’
partie du recueil
‘’Les fleurs du mal’’
(1857)
La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d’une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m’a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?
Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !
Analyse
Y a-t-il, pour chacun de nous, un être qui nous est destiné et avec lequel nous pourrions connaître cette fusion des corps et des âmes qui serait le vrai amour? De cet espoir, qui nourrit des rêves qui se sont exprimés surtout à quelques époques dont celle du romantisme auquel appartint Baudelaire, espoir qui est forcément déçu et conduit au spleen, il donna une nouvelle illustration dans ce sonnet des ‘’Fleurs du mal’’, qui est consacré à une rencontre de hasard que le poète fit, en pleine rue, d'une passante, qui déclencha un véritable et spectaculaire coup de foudre, à la manière de ceux qu’on trouve dans les romans.
Le poète s’étant plié à la structure traditionnelle du sonnet qui oppose les quatrains aux tercets, ‘’À une passante’’ est organisé en deux étapes : le récit de la rencontre, puis l’expression des réflexions qu’elle inspira.
Ce poème, qui fait partie des “Tableaux parisiens”, en est bien un, est même comme un de ces croquis parisiens que le peintre Constantin Guys traita dans ses esquisses.
Le prouve le