Commentaire "les grands", la bruyère
Problématique : De quelle manière La Bruyère critique-t-il les mœurs des classes aisées du 17e siècle?
Introduction
Œuvre unique du célèbre moraliste français Jean de La Bruyère, Les Caractères (1688) est un recueil de portraits amers ayant pour but d'aider ses contemporains à se corriger. Le passage étudié est un extrait du portrait des grands : La Bruyère y dénonce l'égoïsme des classes sociales aisées qui asservissent les paysans sans scrupules. On peut se demander de quelle manière La Bruyère critique les mœurs de ces classes aisées du 17e siècle. Pour cela, nous mettrons tout d'abord en lumière les caractéristiques du texte, puis les deux mondes opposés que dépeint La Bruyère et enfin le point de vue de ce dernier.
I Caractéristiques du texte
1)Le pathétique
La toute première caractéristique de ce texte est le registre pathétique. En effet, on retrouve le champ lexical de la souffrance, avec des termes comme « misère » (l.1), « saisissent le coeur » (l.1), « manque » (l.1), « appréhendent » (l.2) et « malheureux » (l.8). Une autre spécificité du pathétique est de donner la souffrance « à voir », ici grâce aux expressions « à la vue » (l.10) et « L'on voit » (l.11). De plus, la première phrase (« Il y a des misères sur la terre qui saisissent le coeur » l.1) donne le ton au texte : toute la description des paysans saisit en effet le cœur, on s'apitoie, on a pitié, preuve de la présence de pathétique.
2)L'essai
La nature du texte, l'essai, découle en partie de ce registre pathétique : le pathétique suscite l'émotion du lecteur, ce qui permet son adhésion aux idées de l'auteur. Cette astuce est typique de l'essai, qui se veut persuasif. De plus, le narrateur laisse ses pensées vagabonder, tout en s'interrogeant sur un problème existentiel, attitude révélatrice du genre de l'essai. On peut cependant remarquer que la présence de La Bruyère reste discrète : seulement trois « je » (l.7-8) pour 20 lignes de texte.