Commentaire d'arrêt lemaistre
Arrêt Lemaistre
Henri III décède sans descendant direct alors que le royaume de France est en pleine guerre de religion depuis près de trente ans. Mais avant de mourir, en 1588, Henri III, très influencé, prend l’édit d’union pour écarter Henri de Navarre du trône au motif de sa religion. Henri de Navarre (futur Henri IV) étant protestant. Mais en agissant ainsi, Henri III viole les lois fondamentales étant donné que la couronne est indisponible. Le roi ne peut donc pas choisir son successeur. Henri III malgré tout convaincu que c’est Henri de Navarre qui doit lui succéder puisque c’est son cousin au 21ème degré, il abandonne l’édit d’union avant sa mort.
L’arrêt Lemaistre est prononcé le 28 juin 1593 par le président du Parlement de Paris, institution d’ancien régime rendant la justice au nom de roi (justice déléguée), et le procureur général du roi, Jean Lemaistre. Le Parlement de Paris, composé en Haute Cour, va rédiger les conditions d’habilitation du futur Roi de France. Le Parlement rend ainsi un arrêt de règlement, clarifiant les obligations du successeur au trône de France. Les rois sont catholiques en France depuis 496, sans interruption, la question est de savoir si en 1593 on peut rompre cette coutume bien que la religion catholique soit la religion d’Etat.
Cet arrêt dispose de respecter les lois fondamentales, lois coutumières qui se répètent dans le temps et deviennent obligatoire. Il s’appuie sur la loi salique, sorte de code pénal et civil propre aux saliens, provenant de règles coutumières concernant l’exclusion des femmes à l’accessibilité de la Couronne. Ceux qui prononcent l’arrêt Lemaistre savent très bien qu'ils risquent de perdre leur vie par cet arrêt. A partir de 1358, grâce à l’historiographe Richard Lescot, la loi salique est réutilisée par les auteurs de la doctrine afin de renforcer la légitimité des règles de dévolution de la couronne alors que la France connaît de grands troubles durant la guerre de cent