Construction sociale de la question de l'insécurité
La construction sociale de la question de l’insécurité
Introduction :
« 59% des français pensent que la délinquance à augmenté », titrait le Point en Juillet dernier, citant des chiffres issus d’un sondage d’opinion de l’Ifop. S’il est possible de contester les méthodes usitées par les sondeurs (questions orientées, réponses incomplètes, représentation de l’opinion sous une forme quantitative…), ces chiffres s’inscrivent dans la lignée de ceux publiés par tous les médias lors de la campagne présidentielle de 2002, dans laquelle l’insécurité était le maître mot de la plupart des candidats, quelles que soient leurs couleurs politiques. L’insécurité est un sentiment relativement flou, auquel chacun attache sa propre vision de la sureté: Est-ce la peur de sortir de chez soi sans se faire agresser par des voyous dans la rue ? De perdre son emploi et de tomber dans le cercle vicieux du chômage ? De voir sa voiture cramer à toute heure ? Celle de voir la jeunesse sombrer dans un chaos anarchique en refusant des valeurs traditionnelles ? La peur de se faire tuer à chaque coin de rue ? Ce sentiment a commencé à être médiatisé peu après les émeutes urbaines qui se produisirent entre 1990 et 1991, débutant à Vaulx-en-Velin pour s’étendre ensuite à la banlieue parisienne, produisant un amalgame médiatique entre « Violences » et « Cités », qui s’est ensuite répandu dans l’imaginaire populaire et politique pour trouver son apogée au cours des élections présidentielles de 2002. Ce discours représente encore aujourd’hui une des préoccupations majeures des électeurs français mais est-elle vraiment représentative d’une réalité ? Pour le comprendre, nous allons nous focaliser sur l’amplification de ce discours par les médias et les politiques, après avoir traité la question sous une forme plus empirique sous laquelle les principaux acteurs de cette question justifient leurs actions.
I. Une question politique justifiée par des faits A. Un processus de «