Convention collective
Portrait du pouvoir syndical québécois
Picher, Claude
Mon collègue Martin Croteau faisait état, dans La Presse de lundi, du malaise qui gagne les dirigeants syndicaux québécois. Le séisme qui ébranle la FTQConstruction, craint-on, risque d'éclabousser l'ensemble du mouvement syndical.
Ce n'est pas certain. L'opinion publique est parfaitement capable de faire la différence entre les pommes pourries et les autres. N'empêche: l'affaire a mis au jour les agissements scandaleux d'un haut dirigeant syndical dont le pouvoir, par définition, est considérable.
Le moment est bien choisi pour rappeler qu'au Québec, en effet, les chefs syndicaux détiennent sur la société un ascendant unique en Amérique du Nord.
Des chiffres publiés la semaine dernière par l'Institut de la Statistique du Québec
(ISQ) permettent de mieux comprendre la portée de ce pouvoir.
Il y a au Québec 3,3 millions de travailleurs, dont 1,3 million de syndiqués. Cela donne un taux de syndicalisation de 39,4%. Ces chiffres ne tiennent pas compte des travailleurs autonomes.
Cette proportion est la plus élevée au Canada et, par conséquent, en Amérique du Nord.
Dans le reste du Canada, le taux de syndicalisation tombe loin derrière, à 28,8%.
Comme on s'en doute, le taux élevé de couverture syndicale au Québec contribue à faire grimper la moyenne canadienne à 31,2%.
Aux États-Unis, le taux de syndicalisation ressort à un anémique 12,4%. Même l'État le plus syndiqué, New York, n'atteint que 24,9%.
Ces données montrent à quel point les chefs syndicaux québécois jouissent d'une influence inégalable.
Leur pouvoir repose essentiellement sur les employés de l'État.
Il existe en effet un abîme entre les secteurs public et privé.
Le secteur public québécois compte 807 000 employés. L'expression "secteur public", ici, doit être prise dans son sens large: fonctionnaires fédéraux, provinciaux et municipaux (incluant les cols