Des cannibales de montaigne
1. Montaigne adopte un mode de raisonnement inductif (Il part des exemples concrets, de ce qui a été observé pour tirer l’idée générale) : après avoir fait le récit des combats entre peuples sauvages, il en vient progressivement à l’énoncé de sa thèse. Ainsi, le récit du rituel cannibale amène Montaigne à un constat paradoxal : « Ce n’est pas, comme on pense, pour s’en nourrir […] : c’est pour manifester une très grande vengeance. » Refusant de réduire les violences de ces peuples à des actions barbares, à une sauvagerie animale, l’auteur leur confère une dimension symbolique et morale : la pratique de l’anthropophagie est faite pour se venger de l’ennemi et donc anéantir sa puissance par ingestion de sa chair, ce qui le fait disparaitre totalement et l’assimiler au vainqueur et par souci de la cohésion sociale puisque le rituel est effectué entre amis.
2. En recourant à Chrysippe et à Zénon (l. 32-38), Montaigne en bon humaniste qui pense à partir de ce qu’ont pensé les Anciens donne une légitimité à sa thèse. Ce procédé est courant à la Renaissance : la référence aux auteurs antiques permet d’assurer la validité d’un propos qui ne doit pas émaner d’une simple personne mais doit trouver sa source dans une tradition littéraire. Grâce à l’utilisation de cet argument d’autorité, Montaigne démontre que l’anthropophagie est une pratique humaine qui a existé avant la découverte des cannibales brésiliens.
3. L’auteur décrit l’acte cannibale de la ligne 5 à la ligne 14. Après avoir constaté la violence des combats entre peuples sauvages (l. 1-5), Montaigne relate les différentes étapes menant à l’exécution des prisonniers. Le lecteur apprend que ces derniers sont accueillis (« Après avoir longtemps bien traité leurs prisonniers », l. 6-7), avant d’être assaillis des coups de la communauté. Le massacre des prisonniers, pour être brutal, n’en suit pas moins un protocole précis et rigoureux : loin d’être un acte dicté