Desert lecture analytique
Désert est rythmé par l’alternance de deux parties très visibles (ce qui rend leur repérage très simple). La première, qui s’écrit derrière une large marge blanche, inhabituelle dans un roman, raconte l’histoire des guerriers du désert chassés par l’armée colonisatrice, au début du vingtième siècle. La seconde qui remplit l’espace des pages, se situe à l’époque contemporaine et raconte l’histoire de Lalla, jeune émigrée qui revient finalement au désert de ses ancêtres. A strictement parler, une seule voix se fait entendre dans ces deux récits alternés : celle d’un narrateur, source implicite du récit, impersonnel et invisible, mais manifeste, pourtant, au moins dans la coloration onirique (rêve) donnée au texte. La voix de ce narrateur adopte la perspective et reconstitue les émotions de deux personnages bien différents : Nour, jeune nomade des années 1910, errant dans le désert à la recherche d’eau et d’asile, et Lalla. Le lecteur n’entend pas directement leur voix : il est vrai que ces êtres, imprégnés du silence du désert, ne parlent guère et ne savent pas du tout écrire. Il faut donc bien que le narrateur-écrivain se fasse le transcripteur discret de ce qu’ils ne disent pas. Désert n’est qu’indirectement un roman à deux voix : c’est un roman à deux points de vue, éloignés dans le temps, mais rapprochés par leur égal silence, accordé au désert, tous deux transcrits par une voix unique, discrète, effacée pour se mettre au service de leur conscience reconstituée.
Analyse du titre
C / « Désert »
1. Un désert, c'est d'abord selon le dictionnaire un " lieu sans habitants, inhabitable": il se définit donc par l'absence de présence humaine, voire l'impossibilité de cette présence.
2. Le titre donné par Le Clézio à son roman : Désert, simple et nu, en un seul mot, sans même un article, a déjà ouvert non seulement un espace, mais un programme, un " texte virtuel ". Sa brièveté – un seul mot, deux syllabes, rendues saillantes par leurs