Desordre et injustice
Lorsque Goethe a dit "Je préfère commettre une injustice que de tolérer un désordre », il présuppose que l'injustice puisse être préférée à tout désordre. Soulevant indirectement, à travers cette affirmation, le problème de la justice, il pose un véritable dilemme moral pour les hommes et les sociétés. Le désordre, de dés-(qui indique la privation) et de ordre du latin ordo (qui signifie ordre et succession), est l'absence d'ordre et correspond à un éloignement de la raison: dans ses formes les plus extrèmes, le désordre peut aboutir à la mise en place de régimes totalitaires voire anarchiques. L'injustice, du latin injustitia, est un manque au droit de chacun, un manque de sa reconnaissance et de son mérite. Elle renvoie à la transgression du droit et des lois donc de la justice. La justice, déterminant les droits et les devoirs de chaque citoyen au sein de l'Etat, l'injustice est une menace pour la liberté des hommes. Peut-on, pour maintenir l'ordre, justifier l'injustice? Dans quels cas est-il préférable, nécessaire de le faire? Les notions d'injustice et de désordre, ne sont-elles pas plus liées qu'opposées? Ainsi, bien que désordre et injustice semblent plus liés qu'opposés, préférer le désordre à l'injustice est favorable au rétablissement de la justice et contre l'évolution des sociétés. Cependant, il semblerait que choisir de ne pas préférer le désordre à l'injustice soit justifiable dès que le désordre peut rapidement mener à l'arnarchie.
Bien que Goethe oppose les notions d'injustice et de désordre dans sa proposition, les deux notions sont plus lièes qu'il n' y semble.
Désordre et injustice semblent s'opposer par leur domaine de définition: l'injustice est un désordre par rapport à la justice, par rapport au droit voire à des lois morales, alors que le désordre n'est pas déterminé par un domaine particulier: ici il devient une réalité en soi, un absolu.