Devoir et raison pratique
La question est donc : qu’est-ce que la bonne volonté ? Qu’est-ce qu’une volonté morale ? La réponse de Kant est très simple : une volonté qui se détermine par devoir et non pas par intérêt. Dès l’instant où nos motivations sont intéressées, elles sont aussi égoïstes. Elles visent le plaisir, ou elles nous portent à fuir la peine qui résulterait de l’action. Kant appelle mobiles sensibles les motivations intéressées. Les mobiles sensibles sont variables d’un individu à l’autre. Ils forment cependant pour chacun un ensemble de principes pratiques qui orientent l’action. Nos principes pratiques se rangent sous une seule espèce, la recherche d’une satisfaction du désir, recherche qui nourrit les penchants de la sensibilité, recherche qui nous ramène vers nos besoins. Or, comme les besoins et les désirs sont subjectifs, ils s’ensuit qu’ils ne peuvent conduire à des principes objectifs, valides universellement (R).
Nous voyons par là toute l’opposition entre la détermination du devoir que suit la bonne volonté et la détermination par l’intérêt. La bonne volonté doit se déterminer sans recourir à des motivations de la recherche du plaisir. Elle ne doit pas se déterminer par le plaisir ou la peine liée à l’action. L’acte moral doit se situer sur le plan de la recherche d’un bien universel et non d’une satisfaction personnelle. Agir par devoir, c’est agir non pas en prenant en compte ses propres intérêts, mais en voyant à chaque fois ses actes sur un plan universel. Si donc nous nous suivons