Discours de la boètie
Ce texte consiste en un court réquisitoire contre l'absolutisme qui étonne par son érudition et par sa profondeur, alors qu'il a été rédigé par un jeune homme d'à peine 18 ans. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaye d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport « domination-servitude »).
L’absolutisme est un type de régime politique dans lequel le détenteur d'une puissance attachée à sa personne, concentre en ses mains tous les pouvoirs, gouverne sans aucun contrôle.
Le jeune humaniste recherchait une explication à l’étonnant et tragique succès que connaissent les tyrannies de son époque. S’écartant de la voie traditionnelle, La Boétie porte son attention non sur les tyrans mais sur les sujets privés de leur liberté. Et il pose une question troublante : comment peut-il se faire que « tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ? ». Si pour éviter la censure, les exemples sont tirés de l’Antiquité, la réflexion porte bien sur son époque, dans un pays où le poids du pouvoir monarchique se renforce.
L’originalité de la thèse de La Boétie est contenue tout entière dans l’association paradoxale des termes « servitude » et « volontaire ». Il établit ainsi un modèle de la servitude, des causes de son apparition à celles de son maintien qu’il s’agit d’établir ici.
Un point de vue : La Boétie, en énonçant son discours, ne se positionne pas comme maître à penser, ni comme détenteur de la vérité : ceux qui affirment détenir la vérité sont en vérité ceux qui détiennent la maîtrise. Ce qui est vrai, c'est la compréhension singulière qu'on a du texte ; pour accéder à la liberté, il faut n'être ni maître ni esclave. C'est à un relativisme