« Si Laclos montre la grandeur de la libertine, il illustre en même temps sa misère ». Anne-Marie Jaton, Libertinage féminin, libertinage dangereux, p.161.

Le XVIIIème siècle est traversé par un mouvement culturel et philosophique appelé les Lumières. Etant donné l’influence que ce courant a eu, le XVIIIème sera nommé le siècle des Lumières. Ce courant prône la liberté intellectuelle, se distancie de la religion et dénonce les préjugés, les fanatismes et tout ce qui entrave la réflexion. Le libertinage, qui émerge à cette époque, participe de ce courant critique. Le libertin, étymologiquement du latin libertinus, « esclave qui vient d’être libéré », peut être défini comme un libre penseur, allant le plus souvent à l’encontre de l’éthique religieuse. La devise du libertin : «Sapere aude », qui signifie « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ». De la complexité que recouvre le libertinage en tant que catégorie d’histoire des idées et des lettres, nous pouvons retenir pour notre propos, avec Michel Delon1, les traits suivants : la revendication d’une liberté de mœurs, un mouvement de pensée et de sociabilité intellectuelle émancipée des dogmes et des conventions sociales, morales et religieuses, un relativisme critique inspiré de la philosophie épicurienne et un éloge de la dépense et de la jouissance immédiate.

L’année 1782 est marquée par la publication du roman épistolaire Les Liaisons dangereuses écrit par Choderlos de Laclos. L’auteur a été très influencé par les idéaux des Lumières, ainsi que par des écrivains qu’ils l’ont marqués, comme Jean-Jacques Rousseau ou Sade, entre autres. Le genre du roman au XVIIIème siècle est marqué par cinq grandes caractéristiques : l’illusion romanesque, l’intention morale, le réalisme, l’analyse psychologique et un travail formel sur le genre et la structure romanesques. L’œuvre de Laclos possède ces cinq traits qui feront de son œuvre un succès. Choderlos de Laclos dresse dans Les Liaisons dangereuses le