Dissertation: la vérité
Socrate dit : « Je sais que je ne sais pas. » Or, poser la question « Faut-il d’abord s’être trompé pour parvenir à la vérité ? », contient le présupposé, que nous pouvons parvenir à la vérité. La question semble en contradiction avec le philosophe. De plus, la question semble paradoxale : l’accession à la vérité passerait nécessairement par l’erreur. Le bon sens dirait : « On peut se tromper, pour découvrir la vérité. Mais on peut aussi la découvrir sans se tromper. » Cependant, notre sujet est : « Faut-il d’abord » : ici, le passage est nécessaire et préalable.
Disons tout de suite que la « vérité » dont il est question n’est pas la « réponse juste » à un problème de mathématiques ou à une question d’Histoire – cette vérité-là, je peux l’atteindre sans détours, parfois -. La vérité qui nous occupe ici est celle des philosophes. Selon Descartes, nous pouvons la définir comme une affirmation qui échappe au doute systématique. Selon Kant, c’est la connaissance conceptuelle, qui se situe au-dessus de la perception. C’est une certitude délivrée des illusions, des croyances, des opinions, des calculs d’intérêts –on serait tenter de dire, un connaissance objective, mais il faudra revenir sur ce mot-. L’accès à cette prise de conscience du monde et de soi, passerait par la validation d’illusions, de croyances, de fausses perceptions, de concepts erronés. L’aspect nécessaire de ce passage est renforcé par le verbe « parvenir » : « arriver à destination, non sans efforts ni difficultés ». Il est clair qu’un cheminement de vérités en évidences vraies ne peut comporter ces difficultés : seules nos erreurs peuvent les causer, afin de les reconnaître, les trier, les surmonter, en payer le prix. Tout ça fait que nous « parvenons »… La question contient donc un vrai paradoxe : « La prise de conscience du monde et de soi, passe-t-elle obligatoirement par la validation de perceptions fausses, de concepts erronés