Dissertation
par Jany Boulanger, Cégep du Vieux Montréal.
« L’utopie, c’est l’oxygène de notre esprit. » Jacques Godbout « Une carte du monde qui ne comporte pas l’Utopie ne vaut même pas qu’on y jette un coup d’œil, car elle néglige le seul pays où aborde toujours l’humanité. Et, quand elle y aborde, elle regarde autour d’elle, aperçoit une meilleure contrée et fait alors voile. Le progrès est la réalisation des utopies. » Oscar Wilde Si le mot « utopie » apparaît pour la première fois en 1516 sous la plume de l’Anglais Thomas More (1478-1535) — qui voulait ainsi désigner son île imaginaire —, la construction par Platon (~428-~348) d’un modèle de cité idéale dans La République témoigne que le rêve et le plan d’une société meilleure ont, en quelque sorte, toujours existé. Le dictionnaire Le Petit Robert définit en ces termes l’utopie : « pays imaginaire où un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux », rappelant du coup le premier sens du mot qui, étymologiquement, signifie « nulle part ». La perfection, il est vrai, n’est pas de ce monde; toutefois, il n’en demeure pas moins que plusieurs ont tenté de s’en approcher. En effet, les utopistes ne sont d’aucune façon des fumistes, ils réfléchissent aux grandes questions sociales, politiques, morales et religieuses pour mieux échafauder la contrée qu’ils aimeraient faire apparaître. Mais on aurait tort de croire que les utopies ne servent qu’à rêver. Ces modèles de sociétés, qui constituent le miroir de l’époque qui les voit naître, ont aussi pour fonction de répondre aux questions de la futurologie, science qui vise à prévoir l’avenir : quelles sont les valeurs défendues aujourd’hui qui survivront demain? Qu’est-ce qui est réellement immuable chez tout homme et dans toute société?