Dom Juan : un homme libre ?

Tel un parieur, un joueur invétéré, Dom Juan provoque en permanence pour se prouver à lui-même qu’il existe. Sa relation avec le ciel participe au même phénomène. Dom Juan cherche, s’interroge et s’emporte faute de réponses. Incapable de réalisme, il a besoin de concret, de dimensions sensorielles et logiques. Tel Saint Thomas, il provoque l’Eternel pour vérifier sa réalité. Cette quête le mènera finalement à la mort. Molière a très bien su mettre en évidence le paradoxe du conquérant qui en atteignant son but perd l’objet même qui le tenait en vie : la recherche. Mais cette recherche fait-elle de Dom Juan un homme libre ? Je commencerais donc par dire pourquoi Dom Juan est un homme libre et ce qui l’y a poussé, puis je terminerais par expliquer, paradoxalement, en quoi Dom Juan n’est pas si libre.

Tout d’abord Dom Juan est un libertin, du latin libertinus, et qui étymologiquement vient du mot libertus, esclave affranchi, délivré. Qui ne s'assujettit ni aux croyances ni aux pratiques de la religion, désireux d'indépendance, qui va à l'aventure. Tout cela défini fort bien Dom Juan tel qu’on le connaît. Mais si Dom Juan se dit libertin, d’autre le pense fou car au XVII° siècle les libertin sont considérés comme fou et dangereux et sont enfermés en prison ; comme le résume habilement l’essayiste Jacques Prévot qui a consacré tout un ouvrage (Libertins du XVII° siècle, 1998) au courant libertin.
Ensuite Dom Juan est un libre penseur, il n’a selon lui, d’ordres à recevoir de personne. Il pense ce qu’il veut et tue ceux qui se mettent en travers de son chemin. Il agit en rationaliste en voulant effectuer une vérification pour ne pas laisser une illusion abuser ses sens. Dom Juan, libre penseur, incarne l'absolue liberté, l'absolue autonomie intellectuelle qui ne l'assujettit à aucune caste de clerc.
Enfin il est un homme sans attaches, à l’exception de ces différents mariages aux-quels il ne porte aucun intérêt. Il vit tel un