Ecriture d'invention - L'Emile de Rousseau
Je vous fais parvenir cette missive pour vous faire part de mon indignation.
Comment osez-vous parler des femmes de la sorte dans votre Emile!
On peut bien dire dans les salons que vous êtes bon, pieux, écrivain émérite, excellent penseur, moi je vous vois vil, mysogine, menteur et baffoueur (oui j'invente des mots mdr).
Comment pouvez-vous avancer de pareilles horreurs?
N'avez-vous donc aucune estime pour nous, vos mères? Je conçois que vous n'en avez pas eu. Cependant votre enfance malheureuse et l'absence de la douceur d'une mère ne pardonnent en rien les atrocités que j'ai eu le malheur de lire!
Si la femme se doit de plaire à l'homme, que cela est son devoir, pourquoi Dieu a-t-il créé les fleurs? Devons-nous être aussi belles et inutiles qu'elles?
Les femmes aiment les hommes non pas pour le pouvoir qu'ils ont mais pour ce qu'il sont. La loi de la nature est peut-être plus forte que celle de l'amour mais que serions-nous sans lui?
C'est par amour que nous autres, femmes que vous insultez, sommes si complaisantes.
Croyez-vous que nous nous plaisons à être douces, soumises et courtoises? Nous feignons la douceur, la soumission et la courtoisie pour flatter votre égo si faible. Même l'amour parfois nous le feignons.
Oui monsieur, il faut être forte pour être une femme!
Nous n'usurpons point vos avantages, nous les avons par nature. C'est votre société qui nous réduit au silence. Des esclaves, voilà ce que nous sommes!
Vous dites dans un passage du Livre V qu'une mère doit élever sa fille en "honnête femme" car il "en vaudra mieux pour elle et pour nous". Mais qui donc est ce "nous"? Sont-ce les hommes, qui de peur de perdre leur statut, de chuter de leur piedestal, forcent les mères à inculquer à leurs filles, la chair de leur chair, des valeurs qu'elles ne partagent pas, ou plutôt qu'elles ne partageaient pas. Oui je me reprends, je le mets à l'imparfait. Le conditionnement change les femmes en automates sans vie,