Editorial
Ces scores absurdes, qui en disent long par leur invraisemblance sur la réalité de la démocratie tunisienne, étaient aussi ceux de son prédécesseur. A quatre reprises, de 1959 à 1974, Habib Bourguiba a été élu et réélu à la présidence avec plus de 99 % des suffrages exprimés. Avec de tels plébiscites, un scrutin présidentiel ne s'imposait plus et, logiquement, en 1975, Bourguiba instaurait la présidence à vie. Circonstance atténuante : c'était Bourguiba ! Un grand de l'Histoire.
Indéfendable sur le plan politique, cette continuité d'un président à l'autre a été positive dans d'autres domaines. Sur des questions cruciales comme le statut de la femme ou la politique démographique, Ben Ali a eu l'intelligence de poursuivre l'oeuvre de Bourguiba. La Tunisie y a gagné en modernité.
Les choix économiques de M. Ben Ali se sont souvent révélés être les bons. En privilégiant l'économie de marché, en tissant très tôt des liens solides avec les pays de l'Union européenne, en mobilisant des ressources importantes en faveur de l'éducation, la Tunisie, dépourvue de ressources naturelles, est un exemple de développement plutôt réussi, même si la corruption, systématiquement organisée au profit du clan présidentiel, et la frilosité des entreprises tunisiennes hors de leur marché national posent